de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

mardi 7 mars 2017

240- Règles truquées



Le lundi 7 novembre 2016, monsieur R., gardien de la paix, avait convoqué le père Nicolas Kakavelakis et moi-même pour une confrontation. Chacun de nous affirmant que l'autre l'avait agressé le 4 octobre précédent, durant le cours de grec dispensé à la Communauté hellénique de Lyon

L'enquête montra que la version du père Nicolas n'était pas crédible. Mais le procureur, plutôt que de poursuivre celui que l'enquête avait désigné comme l'agresseur, décida de classer cette affaire sans suite. C'est du moins ce que je pensais, en m'appuyant sur les informations données par monsieur R.

Le dimanche suivant, 13 novembre 2016, je prenais un café avec mes amis dans la salle paroissiale, après l'office liturgique. Je commençais à leur raconter le déroulement de la confrontation lorsqu'une dame, assise face à moi, laissa la conversation qu'elle avait avec son entourage. Elle me regarda fixement et m’interrompit en disant : Je vous connais... je suis commissaire de police !

Cette femme d'environ 40 ans était plutôt mince et devait mesurer aux alentours d'1m65. Ses cheveux, coupés droit au niveau des épaules étaient teints en blond avec des mèches. Le ton de sa voix ne permettait pas de penser qu'il s'agissait d'une rencontre de courtoisie, mais dénotait un dynamisme certain.

Je lui demandai en premier lieu si elle était là à titre privé ou professionnel. Elle me répondit qu'elle était proche de la famille qui, ce jour-là, avait organisé un office pour un défunt. Son père était Grec et avait contribué, comme de très nombreuses familles, à la construction de ce lieu.

Elle me dit qu'elle travaillait au commissariat central, qu'elle avait vu les photos des blessures que j'avais infligées au père Nicolas et me demanda ce qui s'était passé. Était-ce un coup de folie

J'étais très surpris qu'il faille recommencer ici l'instruction et de devoir me justifier à nouveau en répondant à des questions qui manquaient pour le moins d'objectivité. Elle me disait qu'elle avait vu le dossier, mais qu'elle ne s'occupait pas de l'affaire.

Quelqu'un qui ne s'occupe pas d'un dossier est-il en droit de le consulter ? N'y a-t-il pas là une ingérence que le droit réprouve ? Évoquer l'affaire ainsi, en public, hors de tout cadre procédural, ne relevait-il pas de la violation du secret de l'instruction ?

Comme le relève le commissaire principal honoraire Georges Moréas sur son blog : Le secret de l’instruction et de l’enquête ne s’impose qu’aux personnes qui concourent à la procédure : magistrats, greffiers, policiers, gendarmes, experts, interprètes…

Cette femme devait-elle être considérée comme soumise au secret de l'instruction du fait de sa fonction alors qu'il ne s'agissait pas de son enquête ? Mais si ce n'était pas son enquête, comment avait-elle pu y avoir accès ? Était-ce elle qui était responsable de cette violation du secret de l'instruction, ou le commissaire en charge du dossier qui lui avait communiqué sans raisons les pièces de la procédure ? 

Puisque cette femme évoquait l'affaire, et n'ayant rien à cacher, j'en reprenais les grandes lignes. Non pas sur ce qui s'était passé le seul 4 novembre, mais depuis le 17 septembre, comme je l'ai relaté dans le message Immobiliare.

Elle essaya de dire que cela n'avait aucun rapport, et tenta de recentrer ma réponse sur le 4 novembre. Je lui répondis que si elle ne regardait que cette date, elle ne pourrait jamais expliquer ce qui s'était passé autrement que comme un coup de folie. Explication fort peu convaincante... Mais si elle cherchait vraiment à savoir ce qui s'était passé, elle se devait d'élargir son champ de vision. 

Ce faisant, elle ne retiendrait pas du dossier que les images, comme dans un livre pour enfant, mais tiendrait compte de tous les éléments.

Elle me dit que j'aurais l'occasion de l'expliquer à un juge, car le procureur avait donné des instructions pour me poursuivre. 

C'est à ce moment-là que je sus, par une information qui provenait de l'intérieur du commissariat central que, devant instruire deux plaintes, et avant le moindre acte d'enquête, le procureur avait désigné celui qu'il voulait voir devenir le coupable.

Elle me demanda si j'avais un avocat. Je répondis que oui. C'était quelqu'un de très posé qui ne se contentait pas de rester dans la superficialité. Elle me dit que c'était une bonne chose et que j'en aurais besoin...

Puis elle alla présenter ses salutations au père Nicolas.


Pris d'un doute suite à ces propos, je me rendis au commissariat du 7ème arrondissement le lundi 14 novembre. Je demandai à rencontrer monsieur R. et lui demandai ce qu'il en était de l'affaire qu'il avait instruite.

Il me confirma que le procureur avait décidé de la classer sans suite.

J'eus alors le sentiment de participer à un jeu dont les règles étaient truquées. J'avais porté plainte suite à une agression, mais c'est moi que le procureur avait décidé de poursuivre, et non le prêtre-agresseur. L'enquête avait été menée de manière sérieuse, mais elle avait été abandonnée sitôt que la culpabilité du prêtre eut été avérée.

J'aurais pu porter plainte contre cette commissaire pour violation du secret de l'instruction du fait qu'elle avait évoqué en public des éléments de procédure. Mais cela n'aurait pas rendu les règles plus équitables. Et puis le procureur aurait-il décidé de poursuivre une affaire dans laquelle sa partialité risquait d'être mise en évidence ? L'intérêt d'une telle procédure était aussi nul que ses chances de réussite. 

Cette commissaire, qui m'avait abordé le dimanche 13 novembre, n'était que le révélateur de ces règles truquées. Plutôt que de déposer plainte contre elle, je devais la remercier pour m'avoir ouvert les yeux au travers de son intervention.

Si je voulais obtenir réparation suite aux violences du père Nicolas, il allait me falloir à nouveau passer outre les blocages du procureur et me constituer partie civile en déposant plainte devant le doyen des juges d'instruction. L'affaire n'était assurément pas terminée.

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