de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

dimanche 26 février 2017

239- Confrontation



Pour ce que j'en savais avant le 7 novembre 2016, une confrontation se déroule de la manière suivante. Les protagonistes sont convoqués au même moment. Ils sont placés autour du bureau de l'enquêteur et ont interdiction de se parler. Ils ne peuvent que répondre aux questions qui leur sont posées.

L'enquêteur commence par lire les déclarations préalables des confrontés et leur demande s'ils les confirment. Puis l'enquêteur commence ses questions, en ayant en tête les failles des déclarations. Il cherche la faille en reconstituant les faits par des questions posées à l'un ou à l'autre. Et dès qu'une incohérence se fait jour, il y plante un coin et fait se lézarder la version mensongère.

Un avocat peut être présent à une confrontation, mais il ne peut intervenir. Sauf à la fin. Il est alors en droit de poser des questions s'il estime que l'enquêteur a omis d'aborder certains aspects et que cela peut être préjudiciable à son client.

Je n'avais pas d'avocat lorsque je fus convoqué pour être entendu sur la plainte déposée contre moi par le père Nicolas Kakavelakis. Mais je demandai à Maître Jean-Pierre Brosseau de m'accompagner pour la confrontation. Je souhaitais essentiellement m'assurer de l'équité des questions posées. Je ne voulais pas qu'un éventuel a priori bénéficie à l'une des parties, au détriment de la manifestation de la vérité.

Le père Nicolas était parti au Mont Athos avec un groupe de touristes lorsque la convocation pour la confrontation fut envoyée. Il la trouva à son retour, le samedi 5 novembre au soir. L'angoisse perceptible dans les intonations de sa voix, lors de l'office liturgique du dimanche 6, laissait supposer que quelque chose d'inattendu l'avait contrarié. Nous serions à nouveau réunis le lendemain.


Le lundi 7, je prenais un café à l'angle du commissariat, en compagnie de mon avocat, lorsque nous vîmes le père Nicolas passer dans la rue vêtu d'un costume sobre. Sans avoir besoin de regarder nos montres, nous comprîmes que l'heure fatidique approchait. Nous terminâmes notre brin de conversation et nous dirigeâmes à notre tour au commissariat du 7ème arrondissement pour nous y enregistrer.

Manifestement, monsieur R. ne s'attendait pas à la présence d'un avocat. Il contrôla sa carte professionnelle et nous fit attendre 30 à 40 minutes avant de commencer la confrontation. Le père Nicolas, stoïque, resta debout, sans bouger, nous tournant le dos pour ne pas nous regarder.

Assis sur les chaises de l'accueil, mon avocat et moi poursuivions discrètement notre conversation. Nous évoquions divers scandales en essayant de comprendre pourquoi, pour des faits similaires, la société était plus intransigeante avec certains hommes qu'avec d'autres. Nous conclûmes qu'elle attendait naturellement de quelqu'un qui exerce une fonction qu'il soit irréprochable au travers de cette fonction.

Ainsi, la population pouvait trouver normal qu'un voleur vole, mais pas qu'un policier vole ; que quelqu'un se trompe dans son jugement, mais pas qu'un juge commette une telle erreur ; que chacun ait la vie personnelle qu'il voulait, mais pas qu'un prêtre donneur de leçons se permette des écarts, etc.

Parler de tout et de rien me permit d'arriver dans le bureau de monsieur R. en étant plus détendu que lors de mon précédent passage.

Monsieur R. nous fit prendre place en face de son bureau. Le père Nicolas s'assit à ma gauche, maître Brosseau entre nous. Monsieur R. nous remit à chacun la copie de la déclaration de l'autre, nous invita à la lire et nous demanda si nous avions quelque chose à dire. Puis il demanda si nous confirmions nos déclarations.


Le père Nicolas confirma ses déclarations et sortit diverses attestations dont il ne précisa pas le contenu. Monsieur R. lui dit que nous n'étions ici que pour les faits de violence et que ces attestations n'avaient aucun lien avec la procédure. 

Le père Nicolas dit qu'il n'avait pas la preuve de dépôt ni l'avis de réception de mon interdiction de fréquenter les lieux, mais que cette interdiction existait bien. Là encore, monsieur R. lui dit que la légitimité de la fréquentation du lieu n'était pas liée aux violences. S'il y avait eu une telle interdiction, il aurait dû appeler la police, ou saisir la justice, mais en aucun cas faire preuve d'un comportement violent.

Le père Nicolas ajouta que l'enregistrement de la vidéosurveillance ne fonctionnait pas ce jour-là... Il ne pouvait donc pas produire la vidéo des faits. Une panne qui tombait bien, assurément...


Pour ma part, je confirmai, bien sûr, mes déclarations. Je relevai plusieurs points de la déclaration du père Nicolas qui étaient mensongers.

Il affirmait d'abord qu'il n'avait jamais montré la moindre violence envers moi. C'était faux et je produisis alors les 3 enregistrements que j'avais réalisés lorsque j'avais voulut aller m'inscrire au cours de grec, le 26 septembre (1, 2 et 3).

Il affirmait également que je m'étais enfui après avoir perpétré mon agression. C'était faux. J'étais resté sur le trottoir à discuter avec Dimitri Liapis et une passante pendant environ dix minutes, puis j'étais allé porter plainte au commissariat.

Il disait que j'avais tenté de le poignarder au cœur. Assurément, si tel avait été le cas, je ne serais pas allé en cours avec pour seule arme un stylo Bic en plastique. Je n'avais aucun mobile pour une agression délibérée et « l'arme » employé ne pouvait permettre d'atteindre un tel but.

Mais, par contre, monsieur Kakavelakis, dont certains éléments tendaient à laisser supposer qu'il s'était frauduleusement enrichi de manière conséquente, avait, lui, un mobile pour m'agresser et tenter de m'éloigner par la force afin d'étouffer ce scandale naissant.


Après avoir transcrit nos remarques respectives, monsieur R. demanda à mon avocat s'il avait des questions.

J'eus envie de dire : Quoi ? C'est tout ? La confrontation venait de commencer et c'était à ce moment, précisément, que la vérité allait pouvoir être révélée, sur la base des incohérences manifestes. C'était à cette charnière que monsieur R. avait l'occasion de poser les questions qu'il avait prévues lorsqu'il nous avait convoqué. Mais il n'en posa aucune. Ni au père Nicolas, ni à moi.

Mon avocat dit : Monsieur Kakavelakis affirme que cette agression à son encontre était un coup monté préparé d'avance. Il dit que mon client s'est arrangé pour être vers la porte de la salle où un complice l'attendait pour filmer et que, à cet endroit, il l'a agressé pour provoquer sa réaction. Pourriez-vous demander à monsieur Kakavelakis comment mon client est arrivé devant la porte de cette salle ? Y est-il allé par lui-même ? A-t-il obtempéré à une requête de monsieur Kakavelakis qui lui a demandé de se lever de la place où il était assis et de sortir ? 

Monsieur R. répondit : Dans de nombreuses affaires, nous n'avons pas de témoin fiable. Nous avons des personnes qui orientent ce qu'elles disent pour favoriser l'une des parties qu'elles connaissent. Ici, nous avons eu la chance de trouver quelqu'un qui s'est montré très objectif. Il ne connaissait aucun des protagonistes et nous savons ce qui s'est passé.

Mon avocat : Peut-être que vous le savez, mais moi je ne le sais pas parce que je n'ai pas eu accès au dossier. Je ne sais pas ce que les témoignages contiennent. J'aimerais que vous posiez cette question et qu'elle soit écrite dans la confrontation.

Monsieur R. insista pour dire que ce n'était pas la peine. Mon avocat insista pour que la question fût posée. Monsieur R. finit par la poser au père Nicolas qui répondit avec un brin d'agressivité : Sans violence ! Mon avocat voulu en savoir plus mais il n'eut que cette seule réponse répétée en boucle : Sans violence !

  


Monsieur R. fini par hausser le ton envers le père Nicolas. Il lui dit que lui avait sans doute sa propre définition de la violence, mais que ce qui comptait ici était la définition de la justice. Et que chasser quelqu'un comme il l'avait fait, alors que la personne ne demandait rien d'autre que de suivre un cours, n'avait aucune légitimité.

Entendre cette phrase fut mon meilleur moment.

Des deux versions confrontées, celle du père Nicolas Kakavelakis n'avait pas résisté. Mais monsieur R. se montra complaisant et ne le poussa pas dans ses retranchements comme nous pouvions l'attendre d'une confrontation.

Cela me rendait perplexe sur un autre point : si monsieur R. avait déjà les réponses à ses questions avant la confrontation, et s'il ne posait aucune question parce qu'il en connaissait les réponses, pourquoi avoir maintenu cette confrontation ? Espérait-il l'orienter vers une autre conclusion que celle qu'il connaissait déjà ? Aurait-il eu la même attitude envers moi si mon avocat n'avait pas été là ? Je suppose que oui... mais je ne regrette absolument pas de m'être fait assister ce jour-là !

Monsieur R. nous dit qu'il allait téléphoner au procureur pour savoir quelles suites seraient données. S'il ne nous rappelait pas dans l'après-midi, c'est qu'il avait choisi de classer l'affaire.


Le père Nicolas demanda à rester. Il voulait à nouveau porter plainte contre moi pour harcèlement. Le coup des violences n'avait pas marché. Il tentait aussitôt autre chose pour détourner à nouveau l'attention de sa propre attitude.

Monsieur R. lui dit qu'il y avait une définition juridique bien précise du harcèlement. De quel harcèlement parlait-il ? Ils allaient poursuivre la conversation après notre départ.

Monsieur R. ne me rappela pas, ce qui signifiait que le procureur avait classé l'affaire.


Le dimanche suivant, 13 novembre 2016, je prenais un café avec mes amis dans la salle paroissiale, après l'office liturgique. Je commençais à leur raconter le déroulement de la confrontation lorsqu'une dame, assise face à moi, laissa la conversation qu'elle avait avec son entourage. Elle me regarda fixement et m’interrompit en disant : Je vous connais... je suis commissaire de police !

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