de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

samedi 8 octobre 2016

226- Pélagie



Πελάγει αρετών, αληθώς ισαγγέλων,
το πέλαγος των σων, εγκλημάτων Οσία,
πανσόφως εβύθισας, και δακρύων τοις ρεύμασιν,
εναπέπνιξας, τον πολυμήχανον όφιν' όθεν έλαμψας,
ώσπερ λαμπάς μετανοίας, την κτίσιν φαιδρύνουσα.


Depuis six ans, chaque fois qu'un prêtre ou un évêque est venu visiter l'église orthodoxe grecque de Lyon, il a eu le même discours : soyez unis ! À croire qu'ils se passaient le texte de l'un à l'autre pour éviter d'avoir à écrire quelque chose d'un peu original. C'en est devenu désespérant de platitude.

Il y a une chose qui m'a toujours frappé, lors de ces discours. Une chose qui les rendait vides de sens : l'orateur ne s'adressait qu'à ceux qui étaient présents. Il faisait fi des personnes qui avaient été chassées, de celles qui avaient été dégoûtées par l'exemple du clergé, ou des victimes de différents méfaits qui étaient oubliées. Souvent même, ceux qui connaissaient l'orateur savaient qu'il se  réjouissait de l'absence de certaines personnes, en contradiction totale avec les mots prononcés.

Au-delà de ces mots devenus creux, on devinait qu'il regrettait qu'il y ait encore trop de monde présent pour écouter ce discours. 

À mon grand regret, le père Athanase Iskos n'a pas manqué à cette règle lors de sa venue, le 23 novembre 2014. Après son sermon sur le thème de l'unité, il interdit à Caroline G., Dimitri L. et d'autres de communier. Nous ne nous serions pas attendus à autre chose de la part d'un évêque, mais de sa part à lui, c'était déconcertant. Il nous avait habitués à faire un peu plus de cas des paroles qu'il prononçait.


Au-delà de la simple église orthodoxe grecque de Lyon, nous retrouvons exactement la même situation dans toutes les églises. J'irai jusqu'à dire qu'on retrouve la même manière de fonctionner dans de nombreux groupes humains, notamment au sein des partis politiques.

C'est, par exemple, le cas au sein de l'église catholique, qui appelle à l'unité après chacun des scandales qui la touchent, sans jamais se soucier des victimes, ni de toutes les personnes choquées par leur niveau de corruption qui ne veulent plus jamais entendre parler de ces imposteurs. À quelle unité peut appeler celui qui parle à des bancs vides ?


Je vais écrire les prochains messages pour rendre hommage à tous ceux qui sont sacrifiés au nom d'une unité qui n'existe que dans les mots. Une unité qui sert de slogan publicitaire et non de but à atteindre. 


Aujourd'hui, les orthodoxes fêtent sainte Pélagie, très vénérée en Grèce. Elle fut une prostituée qui se repentit et se convertit après avoir croisé le regard d'un évêque. Il n'y eut aucun discours stérile, mais ce seul regard sans jugement autre que sur lui-même. L'évêque avait conscience que s'il avait ses faiblesses, il n'en devait pas moins chercher à se perfectionner toujours plus.

Et c'est là qu'il put réellement parler d'unité : il était inclusif et sans jugement, au contraire de ses congénères qui, malgré leurs beaux discours, se détournaient de cette femme, la condamnaient et la rejetaient.

Voici, en leur mémoire à tous les deux, la vie de sainte Pélagie, que le clergé d'aujourd'hui aurait tout intérêt à ne pas oublier de prier pour ne pas être confondu.


Sainte Pélagie vivait à Antioche et appartenait à la catégorie des femmes légères. Elle était prostituée. Sa vie était plongée dans le stupre des plaisirs réprouvés. La débauche avait tellement imprégné sa conscience qu’aucune sorte de repentir ne pénétrait son âme. Par conséquent, on pourrait dire qu’elle était condamnée par sa vie terrestre aux feux de l’enfer. Et pourtant ! Notre Père compatissant affirma que « les publicains et les prostituées vous devanceront dans le royaume de Dieu ». C’est-à-dire, les publicains et les putains, qui au départ ont fait preuve de désobéissance à la Loi de Dieu, mais se sont repentis sincèrement par la suite, vous devanceront au royaume de Dieu, vous qui n'avez obéi à Dieu que par la parole, mais qui en pratique avez été désobéissants et mécréants.

En fait, Pélagie entendit par hasard, au milieu d’une réunion chrétienne, une homélie fervente sur la pureté, prononcée par l’évêque Nonnos. Ces paroles ont éprouvé et bouleversé son âme. Avec la grâce de Dieu, elle renonça à sa vie dissolue. Après sa catéchèse, elle fut baptisée et, après huit jours, elle se rendit à Jérusalem, où elle passa le reste de sa vie en ascèse stricte. Juste après son baptême, Pélagie, enfin éclairiée, donna toute sa fortune à l'évêque Nonnos pour la charité. Et l'évêque désigna à son tour un membre du clergé avec l'ordre de ne rien garder pour l'église, mais de tout distribuer aux pauvres, aux veuves et aux orphelins, pour bien partager ce qui a été mal acquis.

Voici comment se sont déroulés les faits : un jour, à Antioche en Syrie, au temps de l’empereur romain Numérien (283-284 après J.-C.) devant le temple de Saint Julien, le patriarche et de nombreux grands prêtres s'arrêtèrent un instant, faisant une petite pause aux travaux du Synode. Soudain, passe devant eux une prostituée.

Par respect pour eux-mêmes, les évêques détournèrent le regard. Tous sauf un, l’évêque Nonnos. Nonnos, dès qu’il l’aperçut, fut bouleversé. Des larmes se sont mises à couler de ses yeux, il soupira profondément et dit :
« Regardez, mes frères ! Mettez-vous dans la tête ce que fait cette femme pour attiser l’intérêt des hommes adorateurs de chair. Pour un peu d’argent elle n’a laissé aucun détail de son corps l’empêcher d’être attirante ! Pour son but. Ah ! Si nous avions cette ferveur nous aussi dans notre combat pour paraître agréables à Dieu, pour notre salut et celui de notre troupeau de fidèles ! ». Et il ajouta ensuite : « Pardonne-moi, Seigneur. Jamais de ma vie, jusqu’à ce jour, je n’ai été aussi zélé pour ton Royaume éternel que cette prostituée pour un plaisir de quelques instants ».

Et, chose surprenante, la prostituée vit l’évêque pleurer. Elle comprit pourquoi et pour qui elle pleurait. Son cœur fut bouleversé. Elle se repentit et fut sauvée. Elle monta au Paradis. C’est Sainte Pélagie, sortie de la prostitution (8 octobre).

Les larmes provenant d’une souffrance de l’âme sont souvent préférables aux conseils et aux admonitions. Car elles sont capables d’émouvoir, de transformer l’homme. Mais encore. Les paroles du Seigneur sont confirmées par le visage de Sainte Pélagie : « Les publicains et les prostituées sincèrement repentis devancent dans le royaume de Dieu ceux qui ont fait montre d’obéissance à Dieu seulement en paroles, mais qui en pratique ont été désobéissants et mécréants ».


Pélagie donna son nom à une célèbre prison parisienne. Créé par la fondation des filles repenties, en 1662, le bâtiment devint une prison pour femmes trois ans plus tard, avant de devenir une prison pour hommes. Mais cette dénomination ne me semble pas être des plus heureuses, car sa vie d'ascèse n'a pas enfermé Pélagie mais l'a libérée. 


Prison Sainte Pélagie - Paris

Saint Jean Chrysostome, dans l'un de ses discours, prend pour exemple sainte Pélagie et dit : Aussi bas qu'un pécheur puisse tomber, il existe un moyen d'être sauvé quand il le voudra, même si parfois il n'est poussé que par simple curiosité.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire