de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

samedi 31 octobre 2015

180- Fête nationale du NON



Jean-Jacques Goldman se demandait, dans l'une de ses chansons, quels choix auraient été les siens s'il était né allemand en 1917, dans une ville ravagée par la guerre et l’amertume d'une défaite humiliante, plutôt que juif. C'est très courageux de sa part d'oser une telle projection, car ce que l'on peut trouver au bout de la réponse n'est peut-être pas flatteur.
 



Dimanche dernier, le 25 octobre, à la fin de l'office liturgique de la paroisse grecque de Lyon, nous avons commémoré la fête nationale grecque du Oxi (Non). Celle-ci est célébrée le 28 octobre, mais a lieu traditionnellement le dimanche le plus proche. 

À cette occasion, nous n'avons pas échappé aux discours de rigueur retraçant la grandeur de nos ancêtres, leur courage devant les Allemands et leurs innombrables sacrifices. 

Pourtant, ce n'est pas cette fierté légitime qui me venait à l'esprit en entendant ces belles paroles dont le clergé a le secret. Mais bien plutôt ce que j'aurais fait moi-même si j'avais été Allemand. Et si ma cousine, actuelle présidente de la communauté hellénique de Lyon (au moins le temps que la justice invalide son élection), avait été dans cette situation, aurait-elle eu le même discours lénifiant

Si les Allemands avaient été vainqueurs, aurait-elle rejoint la Résistance au risque de sa vie, ou ne serait-elle pas tombée plutôt dans ces mêmes flatteries béates, à l'égard du pouvoir en place, dont elle nous abreuva en cet instant ? N'était-ce pas elle qui me disait, il y a quelques années, qu'il fallait protéger l'institution, lorsque le père Nicolas Kakavelakis fût confronté pour la première fois aux forces de l'ordre ?

Le 5 juillet dernier, Alexis Tsipras convoquait le peuple grec pour lui demander d'exprimer à nouveau un Non, censé le libérer de la servitude de ses créanciers européens. Et le Peuple répondit à son appel en votant Oxi à 61,31 %, tous partis confondus unis derrière lui. Certaines régions au très fort passé de résistant, comme la Crète, votant même Oxi à 73,77 %. Une semaine avant le vote, les gens sur place comparaient tous la situation qu'ils vivaient à la résistance de leurs ancêtres durant l'occupation.

Des Lyonnais se sont mobilisés à cette occasion pour aider financièrement des étudiants grecs à rejoindre leur pays pour aller y voter. 

Grèce - Les étudiants grecs en France font gagner le Non


Et pendant que le Peuple se mobilisait pour rendre vivant ce Non qu'il célèbre comme une victoire, ma cousine convoquait discrètement une assemblée générale extraordinaire de l'association, pour modifier nos statuts une nouvelle fois.

Pas question pour elle d'aller voter dans un pays qu'elle dit aimer, mais qui ne lui reconnait pas le droit de participer aux choix de sa destinée - elle n'est pas grecque et ne peut donc pas voter. Alors, bloquée en France, elle s'employait à priver les vrais Grecs, ceux qui étaient retournés dans leur pays pour y accomplir leur devoir, de leur droit à participer à la vie de notre Communauté.

Bien qu'elle ait affirmé, dans Le Progrès de Lyon du 12 avril 2015, que 500 familles faisaient partie de notre association, seules 10 à 15 personnes étaient présentes le 5 juillet pour ce simulacre d'assemblée générale. Nous ne savons pas encore quelles modifications ont pu être apportées à cette occasion.


Serions-nous de ceux qui résistent, ou bien les moutons d'un troupeau s'il fallait plus que des mots ? se demandait Goldman.

Je crois que nous pouvons tous avoir une partie de la réponse à cette question au regard de notre capacité actuelle à accepter l'injustice, ou bien à la combattre. Comment ceux qui sont incapables de s'élever devant une injustice en temps de paix auraient-ils pu combattre d'autres injustices en temps de guerre, lorsqu'ils auraient dû risquer leur vie ?

Je dirais aux auteurs des belles paroles que j'ai entendues dimanche dernier que, non seulement ils ne présentent pas les signes de ceux qui auraient résisté devant le nazisme, mais ils ne présentent même pas les signes de ceux qui auraient patiemment attendu la fin de la guerre en restant cachés. 

Ils auraient vraisemblablement été acteurs, comme ils le sont aujourd'hui, dans leurs falsifications. Acteurs qui agissent dans l'ombre pour parvenir à leurs fins. Acteurs que la lumière des honneurs attire pourtant irrésistiblement. Acteurs qui ne se soucient pas de la légitimité des moyens qu'ils emploient à quitter l'ombre dans laquelle ils croupissent pour l'illusion de ce qu'ils croient être la lumière. Acteurs se trompant tant dans leurs buts que dans les moyens pour y parvenir.


Après un intermède bien plus long que je ne l'aurais voulu, nous reviendrons, dans les prochains messages, sur l'histoire de notre communauté, afin de comprendre la place que chacun peut revendiquer en son sein au travers de la manière dont elle s'est construite.