de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

samedi 30 mai 2015

169- Excommunications publiques



La peur est une notion omniprésente dans les textes de l'Ancien et du Nouveau Testament. Elle apparut dès les origines de la Création, lorsqu'Adam se cacha, après qu'il eut mangé du fruit défendu et qu'il se fut rendu compte qu'il était nu. Cette peur était certes liée à la conscience de son erreur, mais manifestait surtout l'éloignement de Dieu qui prenait corps.

Paradoxalement, la crainte apparaît très vite comme une manifestation de la présence de Dieu dans les cœurs : Je traiterai avec eux une alliance éternelle, je ne me détournerai plus d'eux, je leur ferai du bien, et je mettrai ma crainte dans leur cœur, afin qu'ils ne s'éloignent pas de moi (Jr 32, 40). Il est cependant à noter que la crainte dont il est ici question est une notion très éloignée de la peur.

La crainte est alors l'aiguillon qui rappelle à l'homme sa condition devant le Très-Haut, et le pousse à se purifier en s'améliorant. Les Pères prennent souvent l'image de l'enfant qui obéit d'abord parce qu'il craint ses parents, avant de leur obéir parce qu'il les aime.

C'est de cette crainte que parlait le larron sur la croix lorsque, s'adressant à son compère, il lui dit : Ne crains-tu pas Dieu, toi qui subis la même condamnation ? (Lc 23, 40).

 Pourtant, ne pas craindre devient vite, dans l’Évangile, la marque de la manifestation divine. C'est ainsi que l'ange prit la parole, et dit aux femmes : Pour vous, ne craignez pas ; car je sais que vous cherchez Jésus qui a été crucifié (Matth. 28, 5). Ou encore que Jésus dit [à ses disciples] : Ne craignez pas ; allez dire à mes frères de se rendre en Galilée : c'est là qu'ils me verront (Matth. 28, 10).

Dans l'un de ses plus beaux textes, saint Jean écrira : La crainte n'est pas dans l'amour, mais l'amour parfait bannit la crainte ; car la crainte suppose un châtiment, et celui qui craint n'est pas parfait dans l'amour (1Jn 4, 18).

Les pères disent à cet égard que l'un des moyens de distinguer une manifestation divine d'une manifestation démoniaque est la paix qui se manifeste alors, et non le trouble. Lorsque Marie vit l'ange Gabriel lui apparaître, elle fut d'abord troublée. Mais l'ange la rassura et lui dit : Ne crains pas (Lc 1, 30).

C'est ainsi que, la première fois où le métropolite Emmanuel Adamakis m'écrivit, il n'y avait dans ses mots de menaces que la volonté de faire peur, d'intimider, d’insuffler le trouble et la crainte. D'après l'expérience spirituelle qu'avait tenté de m'enseigner le père Placide Deseille, cela ne laissait aucun doute sur les esprits qui habitaient notre brave métropolite... Il est vrai que ses vacances estivales avaient peu de chance de le rapprocher de la paix qui vient de l'Esprit-Saint.


Le dimanche 22 mars 2015, nous avions notre dernière assemblée générale, de laquelle fut exclu Stélios K., élu en titre qui venait présenter son bilan. Le lendemain, l'avocat lui téléphona et ils convinrent de se retrouver le mercredi 25 mars pour discuter.

Le vendredi 27 mars 2015, après l'office des salutations à la Mère de Dieu, le cinquième vendredi du Grand Carême, l'avocat était présent dans l'église, et ce n'était pas en tant qu'enfant de chœur... Le père Nicolas Kakavelakis sortit du sanctuaire et se dirigea vers Stélios K. Il lui dit alors Pardonne-moi ! C'était si exceptionnel d'entendre dans sa bouche une parole de sagesse que le moment aurait mérité d'être immortalisé.

Mais Stélios avait déjà entendu deux fois ces mots dans la bouche du père Nicolas, et les deux fois, ils n'avaient servi qu'à faire oublier certaines erreurs, sans qu'il change quelque chose à son comportement. Stélios gardait vivant en lui les mots très durs que le père Nicolas lui avait adressés le 22 décembre 2014, en hurlant après lui, prêt à le frapper, qu'il aille au diable. Et son exclusion de l'AG ne datait que de 5 jours.

La manœuvre semblait plus destinée à prévenir la contestation de son exclusion, qui n'allait pas manquer de se manifester, que d'exprimer un réel repentir. L'avocat n'avait rien d'un confesseur chargé de veiller à la bonne exécution de la pénitence qu'il venait d'infliger à la brebis égarée qui venait de se confier à lui. Mais même si ses mots avaient un sens stratégique, je pense pour ma part que c'était une bonne stratégie. Il est dommage qu'il n'ait fallu qu'un instant au père Nicolas pour s'en écarter.

Car à peine ces mots de repentance prononcés, et avant même que Stélios K. n'ait eu le temps de réfléchir à l'attitude qu'il allait adopter, le père Nicolas lui dit : Mais toi aussi, tu dois me demander pardon. Et tu dois le faire avant Pâques. Sinon je ne te donne pas la communion pour Pâques !

Nous allons bientôt aborder le thème du repentir et du pardon, aussi ne m'y étalerai-je pas outre mesure ici. Mais je peux dès à présent relever que nous n'étions pas ici dans une attitude de contrition. Nous étions dans la seule volonté de neutraliser Stélios afin qu'il délaisse ses demandes de réparation concernant les fautes commises par le Conseil de notre association.

Le manipulateur qui venait de l'exclure arbitrairement, après avoir usé de violence à son égard, lui demandait maintenant de venir s'excuser... Et pour quel motif devait-il le faire ? La question resta en suspens.

Mais il fallait plus qu'un petit présomptueux inconsistant pour intimider Stélios. Et plus qu'une maladroite tentative de prise de contrôle psychologique pour lui faire perdre le sens des valeurs qu'il défendait. Il se contenta de renvoyer l'arrogant et se prépara à affronter les menaces qu'il venait d'entendre.

C'est ainsi que le jeudi 9 avril, dit jeudi de la Passion, ou jeudi Saint, Stélios se prépara pour aller communier, comme il le fait tous les ans. Ce jour-là, l’Église fête l'instauration de la communion par le Christ, lors du dernier repas qu'il partagea avec ses disciples dans le cénacle.

Cène - Léonard de Vinci

Goran Sekulovski revient sur la communion ou non de Judas dans la Tradition, et notamment dans l’œuvre de saint Jean Chrysostome. Il montre que, dans ses plus belles homélies, Jean Chrysostome estime que le doute n'est pas permis et que Judas a bien communié ce jour-là, des mains de celui qu'il allait trahir. 

Ayant sous les yeux les exemples du Christ, miséricordieux envers tous, et de Judas, ce n'est malheureusement pas celui du Christ que choisit de suivre le père Nicolas Kakavelakis. Et lorsque Stélios s'avança pour communier, le père Nicolas s'en tint à la rancœur qui le rongeait de l'intérieur et refusa à notre vénérable doyen la communion à laquelle même Judas avait eu accès.
 



Ce faisant, le père Nicolas s'appropriait une chose qui ne lui appartenait pas. Il n'était plus l'indigne vecteur utilisé par Dieu pour dispenser ses dons aux hommes, mais le mur dressé qui empêchait cette miséricorde d'agir.

À la manière des fondamentalistes islamistes, qui estiment qu'eux seuls détiennent la vérité et ont droit de vie et de mort sur les autres à leur convenance, le père Nicolas utilisait l'habit qu'il portait comme moyen de pression psychologique sur des interlocuteurs qui avaient depuis longtemps compris la vraie nature des agissements de cet imposteur. Et au lieu d'obtenir la reddition escomptée, c'est à une nouvelle révolte qu'il dut faire face.

Je laisse à chacun le soin d'apprécier les commentaires savoureux de la vieille dame surprise de ce à quoi elle assiste. Son langage est cru et je ne peux décemment le reproduire, mais nous lui pardonnerons ce cri qui vient du cœur et qui exprimait si bien ce que pense la Communauté de son prêtre.

Le père Nicolas s'estima piégé par cette vidéo qui se répandit dans la Communauté. Mais avait-il été piégé lorsqu'il avait agit de même avec Dimitri, Caroline, Évangelia, moi et bien d'autres ? Quelqu'un l'a-t-il jamais forcé à agir ainsi ? Pourquoi donc la manifestation publique de ses agissements le mettait-il mal à l'aise ? Pourquoi n'était-il pas gêné d'avoir usé des mêmes moyens de pression psychologique dignes du Moyen-Âge sur une vieille dame pieuse de 80 ans à laquelle il demandait de retirer une lettre qu'elle avait adressée au métropolite Emmanuel ? Le moyen de pression qu'il utilisait serait-il devenu légitime s'il ne s'était trouvé de vidéo pour immortaliser l'instant ?

Encore une fois, le père Nicolas en oubliait l’Évangile, si tant est qu'il l'ait jamais lu, notamment celui de Jean : Et ce jugement c'est que, la lumière étant venue dans le monde, les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises (Jn 3, 19). La lumière n'a jamais été un problème. Et la vidéo ici n'était pas le problème. Mais le problème était les œuvres mauvaises qui étaient manifestées. 

Le prêtre indigne n'avait pas l'autorité canonique pour décider seul d'excommunier quelqu'un. Et pourtant, même s'il est possible que le métropolite Emmanuel Adamakis ne l'avait pas autorisé à agir ainsi, jamais ce même métropolite n'intervint pour condamner les agissements de son prêtre, se plaçant de fait au même niveau d'indignité que lui.

Stélios ne se démonta pas. Il savait que cela devait arriver et s'y était préparé. Il demanda au père Nicolas de dire à tous, à haute voix, pourquoi il agissait ainsi, et quelles manigances il voulait dissimuler en cherchant à le faire taire. Et il ponctua son intervention par : Nous n'avons pas peur de toi !

Ce disant, il s'inscrivait dans la grande tradition du christianisme, agissant pour défendre ses amis, sa communauté, ses valeurs, dans la recherche de la vérité et de la justice, avec douceur et fermeté, mais sans peur. Jamais...
 

Stélios écrivit au père Nicolas pour répondre à ce qu'il avait dû subir autrement que par quelques phrases improvisées. Le père Nicolas reçut cette lettre le 18 mai 2015. Elle est reproduite ci-dessous.

 

samedi 23 mai 2015

168- Les 500 familles



Le 22 mars 2015, lors de l'assemblée générale de notre association, Stélios K. était présent. Il était élu en titre du conseil d'administration sortant, et candidat à sa succession. Il est notre doyen, élu pour nous représenter depuis 1972, aussi sa candidature n'avait-elle rien d'exceptionnel. Pourtant, le père Nicolas Kakavelakis refusait de commencer l'AG en sa présence.

Trois vigiles surveillaient les lieux avec un manque de motivation manifeste. Bien que candidat moi-même, je me voyais opposer une fin de non-recevoir à ma présence. A l'intérieur de la salle, l'AG avait déjà plus d'une heure de retard. 

La police était repartie depuis longtemps et les vigiles n'avaient rien d'une milice privée chargée d'exécuter les basses besognes du père Nicolas. Ils se refusaient fort justement à déloger les personnes que le père considérait comme indésirables.

Les conversations se poursuivaient et seuls quelques initiés comprenaient ce que le père Nicolas reprochait à Jean-Paul C., ou à Dimitri L. Les autres attendaient, qui patiemment, qui docilement, qui furieusement, que la situation se débloque.

Nikos eut enfin le Déclic de la Révélation, la Solution s'offrait à lui, l'Eurêka venait de l'illuminer. Il allait changer le lieu de l'AG. Et puisqu'il ne pouvait pas obliger certaines personnes à partir, il allait les obliger à rester dans la salle pendant qu'il irait s'installer ailleurs. 

Il posta ainsi les vigiles devant la porte qui conduit de la salle paroissiale au sanctuaire de l'église, et transféra l'AG dans l'église elle-même. Seule une jeune femme, Alice D., prit fermement position pour dénoncer ce à quoi elle assistait, laissant ses parents surpris de son intervention. Toutes les personnes qui avaient grandi dans la Communauté, et l'avaient construite de leurs mains, étaient légitimes à participer à l'AG. Et celle-ci ne devait pas se tenir dans l'église.

La Tradition orthodoxe veut qu'une église ne serve à rien d'autre qu'à l'office liturgique. C'est pour cela que, contrairement aux église catholique depuis Vatican II, il n'y a théoriquement jamais de concert dans les églises orthodoxes, ni de réunion. Mais Nikos avait encore une fois décidé d'innover. Ce puriste toujours prompt à rappeler aux autres qu'ils ne respectent pas correctement la Tradition, estimait qu'il pouvait s'en affranchir pour ses besoins du moment, se plaçant de fait au-dessus d'elle.

L'AG fut longue et monotone, le père Nicolas présentant les comptes qu'il avait tenus cachés des élus durant tout son mandat. Malgré cette présentation, de nombreuses zones d'ombres subsistaient dans cette présentation qui ne faisait apparaître aucune des sommes dont il avait lui-même bénéficié. Il ne resta de cette présentation que de vagues souvenirs car aucun document écrit ne fut remis aux membres de l'association.

Il y avait entre 40 et 50 personnes présentes pour l'AG. Si l'on rajoute à cela une procuration possible par personne présente, il y eut au maximum 80 à 100 votants. N'ayant pas les chiffres officiels, je me contenterai de l'estimation haute, bien que j'aie la conviction que le nombre de votants était inférieur.

Le père Nicolas ne se représentait pas à sa succession. Sans doute avait-il compris que le président d'une association est pénalement responsable des délits commis par cette association et ne désirait-il pas être à nouveau convoqué dans un commissariat. Et puis les règles fiscales et pénales françaises ne prévoient guère d'indulgence pour les administrateurs qui tirent un avantage financier direct de leur fonction. 

Lorsque je refaisais son appartement, le père Nicolas m'avait dit qu'il voulait changer les statuts pour que le prêtre soit automatiquement le président de notre association. Quatre ans plus tard, et confronté à quelques délits en cours d'instruction, sa belle résolution avait laissé la place à un plus grand réalisme. 

Je doute qu'il ait eu seul une telle présence d'esprit, aussi je me permets de remercier le sage inconnu qui l'a invité à s'écarter. Si cet inconnu pouvait conseiller au père Nicolas d'abandonner la prêtrise comme il lui a conseillé d'abandonner la présidence, l’Église lui en serait particulièrement reconnaissante.

Cette réflexion étant faite, 40 à 50 personnes présentes lors de l'AG étaient chargées d'élire 15 représentants. Si on enlève les 15 eux-mêmes et leurs proches, qui restait-il, parmi les présents, pour représenter la Communauté et non les 15 ? Pour ma part, je dirai qu'il n'y en avait qu'une : Alice D., qui avait osé crier devant tous que cette mascarade était indigne. Il ne s'agissait pas, pour elle, de représenter qui que ce soit, mais simplement de réagir spontanément avec son cœur. Pourtant, en ne cherchant pas à se défendre elle-même, mais ceux qui se retrouvaient exclus, c'est bien la Communauté qu'elle représentait. Et même si c'est peu qu'une seule personne se soit élevée contre l'injustice, je suis fier qu'elle ait été là.

Peut-être un jour prendra-t-elle plus d'importance au sein de notre représentation. Alors le métropolite Emmanuel saura pourquoi il convient d'avoir plus peur de 100 moutons menés par un lion, que de 100 lions menés par un mouton. Non pas qu'elle cherche à s'opposer à quiconque, mais simplement qu'elle n'est pas prête à accepter n'importe quoi.


Quelques jours plus tard, en découvrant la liste des nouveaux membres du conseil d'administration de l'association, je reconnus la photo de l'avocat qui avait organisé mon éviction. Georges X. était candidat et avait été élu au Conseil.

Sans mandat de représentation pour agir au nom de la Communauté, il était intervenu pour mettre dehors des personnes qui se présentaient pour être élues au même poste que lui. Et une fois qu'il avait ainsi éloigné les concurrents potentiels, il se félicitait de son élection. Le procédé était pour le moins stalinien, et je doute que ce soit ce lien-là qui nous unisse le plus à la Russie.

Sept candidats à l'élection sur quinze postes à pourvoir avaient été écartés sans même avoir été notifiés de cette décision. Cela faussait considérablement la sincérité du scrutin.


Quelle représentation de la Communauté ces quelques personnes pourront-elles avoir ? L'absence de membres du clergé en son sein signifiait-elle la fin de la tutelle infamante du métropolite Emmanuel ? Le fait que la nouvelle présidente et ma cousine, Pénéloppe D., soit également secrétaire du métropolite permet de douter d'un quelconque changement.

Le Progrès, édition de Lyon, dimanche 12 avril 2015, p. 24


Je voulais interviewer ma cousine, puisqu'elle aime se prêter au jeu des questions des journalistes, mais son adresse mail a changé et je n'ai trouvé nulle part d'adresse mail de la Communauté. J'en resterai donc au contenu de l'article repris ci-dessus et aux éléments connus.


Cet article fut particulièrement intéressant à lire. Nous y apprenions que la Communauté hellénique de Lyon est une association cultuelle regroupant 500 familles grecques orthodoxes vivant dans la Métropole. Mais si, de l'aveu même de la présidente élue le 22 mars 2015, il y a 500 familles membres de l'association le 12 avril 2015, soit entre 1500 et 2500 personnes suivant la taille des familles, comment 40 personnes présentes pour l'AG pouvaient-elles prétendre représenter le quorum nécessaire pour que l'AG soit valide ?

Et si ce chiffre de 500 familles était une pure fumisterie, serait-il digne dans la bouche d'une personne représentant une association cultuelle depuis moins d'un mois ?

Pour ma part, je considère que le chiffre est correct, et que les 40 personnes présentes lors de l'AG n'étaient pas légitimes pour nous représenter et élire un conseil d'administration.

Un avocat a été saisi du dossier et un recours est en préparation afin de demander l'annulation de toutes ces irrégularités. Ainsi, il sera possible de savoir qui du père Nicolas ou de la Communauté a tenté de rendre le blanc noir et le noir blanc, et qui s'est simplement contenté d'affirmer que le blanc est blanc et le noir noir !

samedi 16 mai 2015

167- L'avocat



Nous avons vu, précédemment, que le père Nicolas Kakavelakis avait prétendument informé l'ensemble de la Communauté de la tenue d'une assemblée générale, le 22 mars 2015, laquelle était censée renouveler les membres du conseil d'administration. Or les conditions d'organisation étaient contestables, et la plupart des membres de l'association, au surplus, n'avaient pas été informés de la tenue de cette assemblée. 

Le jour venu, lors de la liturgie dominicale, et bien qu'étant candidat à cette élection, je ne savais ni où ni à quelle heure elle devait avoir lieu. Il fallut attendre les annonces finales, vers 13 heures, pour apprendre que l'AG débuterait à 14h30. C'était court pour se préparer, et plusieurs autres personnes, candidates comme moi à cette élection, n'eurent pas l'information.

Avec 3 amis, Stélios K., Jean-Paul C. et Dimitri L., nous nous retrouvâmes à 14h15 afin de ne pas être en retard. En arrivant, nous eûmes la surprise de voir, postés devant le portail de notre salle paroissiale, deux vigiles ! Il était peu probable qu'ils fussent là pour déjouer un attentat, ni qu'ils eussent pour mission d'empêcher d'entrer les quelques privilégiés qui avaient été informés de l'heure de l'AG.

Une forme de prescience nous convainquit qu'ils avaient été postés là pour nous... Mais il ne fallait pas risquer de confondre prescience et autosuggestion. Cette dernière est en effet un frein puissant et l'instrument de l'autocensure. Nous décidâmes de ne pas nous en tenir à ce ressenti et nous dirigeâmes vers la salle. 

Nous avions déjà vu l'un des vigiles en décembre, lorsque le père Nicolas avait tenté de bloquer l'accès de l'église à certains des membres de notre communauté. Le vigile avait dû abandonner son poste suite à l'intervention du commissaire Corridor. Nous ne l'avions pas revu depuis, mais il nous connaissait autant que nous le connaissions.


En passant devant les vigiles, nous les saluâmes et ils nous rendirent la salutation. Puis nous entrâmes dans la salle où devait se tenir l'AG. C'était presque trop facile... Il avait dû y avoir un bug...

Une fois entrés, tous les regards se portèrent sur nous. Une gêne palpable se mêlait à la consternation de certains. Mais personne ne nous parla directement. 

Les vigiles nous suivirent de peu et Vassilia S. leur demanda, dans un reproche mêlé de colère : Qu'est-ce qu'ils font là ? 

Ce à quoi elle se vit répondre : On est désolés, on n'a pas fait attention. Il devenait soudain clair que la prescience pouvait exister, et il était d'autant plus légitime qu'elle se manifeste que nous étions dans l'enceinte d'une église. Une force bienveillante nous avait protégés des desseins malveillants du père Nicolas, afin que ce qui devait suivre pût s'accomplir.

Un homme s'agita. C'était la première fois que je le voyais, mais il se dégageait de lui une autorité qui manifestait de toute évidence qu'il dirigeait les opérations. Il demanda aux vigiles de nous faire sortir. Mais ceux-ci répondirent qu'ils ne le pouvaient pas. Ils étaient là pour veiller à ce que tout ce passe bien, et tout se passait bien... Ils ne pouvaient en aucune manière user de force ou de violence.

Nous profitâmes de ce moment de flottement pour aller saluer quelques amis présents, chacun de notre côté, et attendîmes que le président veuille bien commencer l'AG. 

Tel le général Grouchy arrivé en retard à la bataille de Waterloo, un troisième vigile arriva pour garder l'entrée du lieu. Mais il n'y avait plus rien à garder. Je doute que nos trois compères aient pu compter sur le généreux pourboire qu'ils avaient été en droit d'espérer de la part des religieuses personnes qu'ils avaient pour mission de protéger.

L'homme qui dirigeait s'approcha de moi et se présenta en disant : Je suis avocat ! Il ne précisa ni son nom, ni la personne morale ou physique qu'il représentait. Mais étant données les circonstances, je déduisis de son intervention qu'il était l'avocat de la Communauté et chargé de superviser le déroulement de l'assemblée générale. 



S'ensuivit un échange technique avec un homme qui me connaissait bien mieux que je ne le connaissais. Il avait lu tout mon blog et se rappelait certains détails que j'avais moi-même oubliés. Il réussit à me prendre en défaut sur divers points de nos statuts que je n'avais pas lus. Statuts censés établir, du coup, qu'il fallait être coopté par le recteur pour pouvoir prétendre à la qualité de membre de l'association (art. 4 § C des statuts). Il insistait également sur le fait que j'aurais dû avoir sur moi ma carte de membre de l'association, si je l'étais vraiment.

J'affirmais quant à moi qu'étaient membres toutes personnes fréquentant la paroisse (art. 1 § C des mêmes statuts), que l'était même, plus généralement, toute personne se reconnaissant dans les valeurs de notre Communauté Hellénique de Lyon, que le titre de membre était reconnu à tous, en leur temps, par les anciens prêtres, et que le nouveau n'avait jamais pris officiellement la décision de retirer la qualité de membre à ceux qui l'étaient précédemment. Je crois que le sujet est trop important pour le réduire à une simple affirmation d'appartenance ou non. Je l'ai déjà évoqué au regard de notre tradition d'ouverture, et j'invite chacun à lire ou relire, là-dessus, Les identités meurtrières d'Amin Maalouf.

Un ami me disait récemment que le rôle d'un avocat est de montrer que le blanc est noir, et le noir blanc. Je nuancerai en disant que, dans un procès, à propos des faits que les juges tentent d'établir, l'un des avocats a ce rôle, tandis que l'avocat adverse est chargé de montrer que le blanc est plus blanc que blanc, et le noir plus noir. Quoi qu'il en soit, l'avocat n'est pas le juge et, en cas de divergence d'interprétation, les affirmations de mon interlocuteur n'engageaient que lui, et éventuellement son client non identifié.

J'étais un membre incontesté de l'association, notamment par diverses charges qui m'avaient été confiées. Je n'avais jamais été exclu, ce qui m'aurait ouvert les voies d'une contestation de la décision en question. La cotisation était irrégulière au regard de nos statuts, car prise hors du cadre prévu par l'article 5. L'avocat les connaissait mieux que moi. Par conséquent il était normal que je n'aie pas la carte fournie en même temps que la cotisation. J'avais sur moi le récépissé de ma candidature à l'élection du CA. Ma présence était donc prévisible et légitime.

L'avocat me dit que j'avais été exclu et qu'il était en mesure de produire la décision. J'affirmai que c'était faux, et il partit chercher la décision en question ainsi que la preuve de sa notification. Je le vis discuter avec le père Nicolas, qui monta à l'étage. Il en revint avec un papier qu'il présenta à l'avocat. Celui-ci n'eut pas l'air très convaincu par ce qu'il voyait et dut alors comprendre qu'il n'y avait de décision d'exclusion ailleurs que dans l'esprit du père Nicolas.

Il prit son téléphone et sortit appeler la police. Il revint se placer en face de moi tout en disant au policier en ligne que je refusais de sortir d'un lieu privé. Puis il me passa le combiné. Le policier au bout du fil, de permanence pour répondre au 17, s'enquit de ce qui se passait mais ne voyait pas l'urgence qu'il y avait à appeler la police. Je réaffirmai ma position, à savoir que j'étais membre d'une association et étais présent pour l'AG de cette association.

Le policier voulut savoir où j'étais. La question était formulée de telle manière que je crus qu'il me demandait ma domiciliation. Je lui répondis Francheville. Il me dit que ça ne le concernait pas, parce que Francheville dépendait de la gendarmerie, et je raccrochais.

Dépité, l'avocat me demanda pourquoi j'avais raccroché. La conversation était terminée et il était normal que je coupe. Il rappela la police en sortant de la salle, et obtint qu'une patrouille intervienne. Mais, Oh surprise ! lorsque la patrouille arriva, elle dit qu'il n'y avait pas d'infraction, que c'était un lieu privé, qu'ils étaient armés et n'avaient pas le droit d'entrer.

Nous avions donc des personnes présentes dans une salle d'où l'avocat voulait les voir sortir, ainsi que 3 vigiles qui disaient qu'ils n'étaient pas en droit de les expulser et, hors de la salle, 3 policiers non autorisés à entrer. Le dilemme était cornélien, ce qui était un comble pour les membres d'une association qui avaient décidé d'en bannir tout ce qui n'était pas grec.

L'avocat vint me dire que la police voulait me parler et me pria de sortir. Je savais que si je quittais la salle, il ne me serait plus possible d'y revenir, mais il semblait utile d'aller discuter avec les forces de l'ordre. Je suivis l'avocat et reconnus l'agent qui était intervenu dans l'église pour la venue du père Athanase, au motif dérisoire d'empêcher de filmer l'une des nombreuses personnes qui le faisaient.

église grecque orthodoxe de Lyon, le 23/11/2014, intervention de la police durant l'office


Je lui fis remarquer qu'ils ne s'étaient pas tant gênés pour entrer dans l'église, en novembre. Il me répondit que, depuis, ils s'étaient faits taper sur les doigts et avaient pour consigne de ne jamais entrer dans un lieu privé. Je suppose que l'intervention du commandant Massoko n'était pas étrangère à ce rappel aux règles. Cette consigne avait été faite à toutes les forces de police de Lyon et nous n'étions pas prêts de revoir la BAC dans ses œuvres.

La discussion revint sur le motif du jour et l'organisation de l'AG. L'avocat avait sa version, et j'avais la mienne. Si nous ne pouvions pas régler ce genre de problèmes inhérents au fonctionnement d'une association lors de l'AG, quand pourrions-nous le faire ? Empêcher le débat ce jour-là revenait à prendre un abonnement pour bénéficier à tout propos de l'usage des patrouilles de police.

Le policier annula l'intervention d'un officier supérieur qu'il avait demandée pour débloquer la situation : un officier non armé chargé de parlementer. L'une de ses collègues lui demanda : C'est tout ? Tu annules l'intervention ? On ne l'embarque pas ? Ce à quoi elle se vit rétorquer : Et tu veux l'embarquer pour quoi ?

Le vigile qui connaissait déjà les lieux dit à ses collègues : Moi j'comprends plus rien ici. Mais avait-il déjà compris quelque chose auparavant ? Et ses employeurs l'avaient-ils engagé pour comprendre les choses ? Il revint à de plus justes considérations et me bloqua la porte de la salle pour que je ne puisse plus y entrer à nouveau. Une forme de seconde chance qui s'offrait à lui et qu'il mit à profit pour tenter de faire oublier la désastreuse nonchalance dont il avait fait preuve précédemment.

Mais trois autres étaient encore à l'intérieur. Qu'allait-il advenir d'eux ?