de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

samedi 18 avril 2015

163- Diffamation partie 2 - la forme




Un an après l'audition au commissariat que je relatais dans le message précédent, j'appris, un peu par hasard, qu'une nouvelle plainte avait été déposée contre moi. Mon avocat se renseigna et me dit qu'il s'agissait de la plainte n°13108000249, déposée par le père Nicolas Kakavelakis et l'Annonciation de la Mère de Dieu, le 13 avril 2013, visant des faits de diffamation.

Je ne crois pas que la Mère de Dieu ait jamais porté plainte contre quelqu'un, et encore moins que son Annonciation l'ait fait pour elle. Même pas contre ceux qui ont crucifié son fils. Utiliser son nom pour ce genre de procédure ne dénote pas un grand respect des choses sacrées de la part de son auteur.

Je n'ai plus jamais entendu parler de cette plainte et n'ai jamais été entendu dans ce dossier. On dit parfois que la Justice est lente. Je l'ai personnellement trouvée très rapide dans le classement qu'elle a fait...


Le 7 janvier 2015, en fin d'après-midi, mon téléphone sonna : C'est le commissariat, nous souhaiterions vous entendre dans une affaire vous concernant... Une fois les souvenirs évoqués dans le précédent message remontés en moi, la conversation débuta.

Il s'agissait de répondre de faits de diffamation sur internet. Nous étions le soir des attentats contre la rédaction de Charlie Hebdo. La France entière était bloquée par le plan vigipirate et s'organisait pour défendre la liberté d'expression. Cette conversation avait donc un caractère un peu surréaliste. Je répondis que j'étais disponible dès le lendemain matin.

L'officier me proposa de prendre plus de temps, et m'informa de ma possibilité d'être assisté d'un avocat. Les règles de procédure avaient changé au premier janvier 2015, notamment pour ce qui concernait les auditions libres. Ma protection juridique aurait effectivement pu mettre un avocat à ma disposition, mais je n'en voyais pas l'utilité. Nous n'étions que dans du réchauffé

Nous convînmes de nous retrouver le 8 janvier à 10 heures 30. 

En arrivant, j’eus l'impression d'être plongé dans La 4ème dimension. Le commissariat était fermé pour cause de plan vigipirate renforcé. Il fallait accéder à une porte annexe gardée, donner le motif de sa venue, puis un policier venait à la porte principale pour l'ouvrir et la refermer aussitôt. Ce lieu habituellement si bruissant des malheurs qui s'y croisent était vide et silencieux. Si nous ne pouvions pas parler de l'affaire du siècle dans ce dossier, nous pouvions au moins évoquer l'affaire de la journée, parce qu'il n'y en avait pas d'autre de prévue.

L'officier passa une bonne demi-heure à m'informer de mes droits et je dus signer des documents le libérant de sa responsabilité sur le fait que je n'avais pas demandé d'avocat. Il s'avéra alors que j'étais convoqué sur cette fameuse plainte d'avril 2013 déposée par la Mère de Dieu. Le procureur l'avait classée. Mais lorsque le Commissaire Corridor avait téléphoné au père Nicolas, le 23 décembre 2014, celui-ci avait vraisemblablement évoqué cette plainte pour tenter de se victimiser. Le commissaire était intervenu pour rouvrir ce dossier et la plainte du père Nicolas avait été formellement actée par l'audition de ce dernier le 24 décembre.

Un premier débat eut lieu sur la prescription ou non des faits pour lesquels j'étais entendu. L'officier a finalement convenu, et c'est ce qu'il acta dans le document, qu'en matière de diffamation la prescription est de 3 mois à partir de la première publication d'un propos. Le dépôt de plainte suspend la prescription. La plainte étant déposée au 24 décembre 2014, l'officier ne pouvait m'entendre que sur des écrits publiés pour la première fois et remontant au plus tard au 24 septembre.

J'aurais pu décider de partir à ce moment-là, car le procureur ayant été saisi en avril 2013, les faits qu'elle mentionnait étaient antérieurs au 24 septembre 2014, et mon audition n'avait donc pas lieu d'être.

De plus, en avril 2013 déjà, la plainte ne faisait que reprendre les faits pour lesquels j'avais été entendu en juillet 2012. Donc, déjà au moment de la saisie du procureur, les faits dénoncés étaient prescrits.

Une fois mes droits notifiés et après qu'on m'eût avisé du motif de ma présence, l'audition put commencer. Je demandais la possibilité de présenter un hommage aux victimes de l'attentat de Paris. L'officier me dit qu'il y était sensible, mais qu'il ne pouvait pas l'inscrire dans la procédure.

Il avait en main une lettre du Conseil de la Communauté, listant trois pages de griefs qui m'étaient attribués. Cette lettre était signée du père Nicolas Kakavelakis, de Manolis Bibilis, et d'une troisième personne dont je ne pus lire le nom.

Je fis remarquer que cette lettre et cette plainte n'avaient aucune valeur. Le Conseil est composé de 15 membres. Or, pour prendre une décision à l'issue d'une délibération, le secrétaire doit convoquer les membres avec un ordre du jour. En l’occurrence, plusieurs des membres du CA s'étaient plaints au préfet de n'être jamais convoqués à aucune réunion. Par conséquent, la décision d'engager une procédure était nulle et non avenue.

L'officier fit remarquer que le Président a le pouvoir de représenter la Communauté. Cela est vrai dans certains cas, mais il ne peut pas présenter sa décision comme étant le fruit de la délibération du Conseil. Et, en matière judiciaire, il faut l'unanimité des membres du CA pour décider d'engager une action et avoir qualité à agir.

Je fis ensuite observer que j'avais écrit à ce jour 148 messages. Or, dans la longue liste des doléances que nous avions sous les yeux, il n'y avait pas la moindre ligne reprenant ce que j'avais écrit. Nous n'étions que dans de vagues affirmations. L'officier me fit remarquer, par une question subtile tout autant que perfide dont les policiers ont le secret pour déstabiliser leur interlocuteur, que je savais bien ce que j'avais écrit. Ce n'était pas complètement vrai, car je ne peux pas retenir la totalité de ce que j'écris. De plus, ce n'était pas à moi de prouver que j'étais innocent, mais à l'accusateur de prouver que j'étais coupable. Pour cela, il se devait de produire les phrases qu'il jugeait diffamantes.

D'ailleurs, je ne visais à dénigrer personne. Je rapportais des choses parfois désagréables, certes, mais jamais calomnieuses. Pour m'en assurer, je laissais toujours un droit de réponse aux personnes que je nommais dans mes messages en leur soumettant le texte au préalable afin qu'ils puissent l'amender, ou répliquer, éventuellement, selon leur droit de réponse.

L'officier eut beaucoup de mal à me croire sur ce point. Car si je soumettais mon texte en amont et que les protagonistes ne faisaient pas de remarque pour demander à changer ce qu'ils pouvaient estimer être diffamant, ils n'avaient plus de légitimité pour se plaindre de mes publications. 

S’agissant du père Nicolas, je ne parlais de lui que dans le cadre de ses fonctions. Et ses fonctions veulent qu'il ne soit que le représentant du métropolite Emmanuel Adamakis, selon les règles ecclésiales qui prévalent dans notre association cultuelle. Par conséquent, c'est au métropolite que je soumettais mon texte chaque semaine. 

Je me plaçais dans un travail de journaliste avec, il est vrai, une ambiguïté sur mon rôle lorsque j'étais également témoin. Contrairement aux journalistes, je citais mes sources et produisais mes documents. Il m'était arrivé de commettre des erreurs, ce dont plusieurs personnes m'avaient fait part : je rectifiais alors mes textes, même une fois publiés afin de ne pas laisser de telles erreurs en ligne. Il n'y avait donc aucune volonté de nuire dans ma démarche. Récemment, un journaliste Sud-Africain se fit agresser en direct à l'antenne : cessa-t-il d'être journaliste parce qu'il était en même temps victime ? Aurait-il cessé de l'être s'il avait été en même temps témoin ?


Nous avons repris les grandes lignes des affirmations du père Nicolas, sans qu'elles permettent d'entrer dans les détails puisqu'il ne les étayait par aucun document. Ce fut néanmoins l'occasion de revenir sur quelques dossiers que le père Nicolas n'avait pas cru bon de mentionner et que l'officier ne connaissait pas, comme celui de mademoiselle P. L'Annonciation de la Mère de Dieu ne pouvait affirmer que je créais du tort au père Nicolas Kakavelakis par mes propos, tout en sachant qu'il ne s'agissait pas de mes propos mais de ceux d'une demoiselle identifiée. L'argument était d'autant moins recevable que ni le père Nicolas ni l'Annonciation n'avaient jamais contesté le témoignage de cette demoiselle, bien qu'ils eussent été dans leur droit de le faire s'ils avaient estimé que les propos relatés étaient mensongers.

Je ne reviendrai pas ici sur les trois pages de doléances que nous dûmes aborder. Pas une seule de ces accusations n'était étayée, et pour cause : elles étaient toutes mensongères, ce qui conduisit l'officier à me conseiller d'attendre l'avis de classement du procureur, pour venir ensuite déposer plainte contre le père Nicolas pour dénonciation calomnieuse.

Je ne reviendrai que sur l'un des éléments avancés par mon accusateur. Il paraîtrait que j'aurais dit que la mère du père Nicolas est la secrétaire du Patriarche. Je ne vois pas en quoi cela aurait pu constituer une infraction, mais, indépendamment du fondement juridique douteux de l'accusation, elle était fausse !

Ce même point de l'accusation faisait allusion au 8ème message de mon blog : Patriarcat et franc-maçonnerie, dans lequel je relatais que j'avais écrit en recommandé au Patriarche de Constantinople. La signature sur l'avis de réception du recommandé indique : Kakavelakis. Quel Kakavelakis ? Je ne sais pas. Mais je relevais qu'il était probable qu'il s'agisse de Madame Mère qui travaillait au patriarcat.

Je ne sais pas ce qui fit croire au père Nicolas que je pensais que sa mère était la secrétaire du Patriarche. J'ai entendu beaucoup d'explications de personnes qui cherchaient à comprendre quel lien unissait ces deux-là, et pourquoi Madame Mère aurait pu relever le courrier de cet honorable célibataire, mais celle de la secrétaire est de loin la moins intéressante... En tout cas, ce n'est pas l'explication qui permettrait de comprendre pourquoi le père Nicolas bénéficie d'une protection lui permettant d'être toujours en poste...


Il y eut un point qui intéressa particulièrement l'officier : celui de l'excommunication supposée que le métropolite aurait décidée à mon égard.  Cette excommunication était mise en avant par le père Nicolas comme un élément à charge contre moi. Je répondis que le père Nicolas avait excommunié de nombreuses personnes de sa propre autorité, bien que les règles de l'église ne lui donnent pas ce pouvoir. Le père Nicolas n'aurait pas manqué de produire cette décision épiscopale dans sa plainte si elle avait existé, tout comme il avait produit d'autres courriers du métropolite. Une excommunication ne peut venir que du métropolite. Et s'il avait pris une telle décision contre moi, il n'aurait pas manqué de m'en faire part directement. Ce qui n'avait jamais été le cas. Car, à défaut, comme pour toute décision prise mais non signifiée à l'intéressé, elle n'était pas applicable.


J'évoquai également une plainte pour diffamation que j'avais déposée en 2012, suite à un texte publié par le père Nicolas sur la page internet de la communauté. Je donnai la copie de ma plainte avec l'accusé de réception du Parquet. L'officier s'étonna que je n'aie jamais été entendu dans cette affaire et me dit que c'était un élément à charge contre le père Nicolas, puisqu'il se plaignait en 2013 de méthodes qu'il employait en 2012. Il est possible que ce dossier soit rouvert, bien que je considère que les faits sont prescrits, tout comme ceux qui me visaient ce jour-là.

L'officier me reprocha de mettre les choses en ligne, sans attendre que la justice se prononce. Je répondis que j'avais saisi les autorités religieuses compétentes un an avant de commencer mon blog, mais que le métropolite Emmanuel Adamakis avait étouffé l'affaire. Il avait notamment annulé une confrontation que son vicaire, le père Arsénios, avait programmée entre la jeune mademoiselle P. et le père Nicolas. Par la suite, sur les faits de faux, la Préfecture avait saisi le procureur. La Préfecture avait également demandé une enquête des Renseignements Généraux sur les dossiers visant notre association. Enquête qui avait abouti à une note complète. Note qui avait servi à étouffer la plainte de la Préfecture. En effet, un an plus tard, les services du parquet ne trouvaient plus aucune trace de cette plainte. Il avait fallu que des élus de la Communauté prennent un avocat pour la relancer. J'étais d'accord pour engager des recours internes, ou pour laisser faire la justice, mais à condition que les autorités saisies traitent les problèmes sans les étouffer.

L'officier attira alors mon attention sur l'article 40 du code pénal, qui permet de saisir le procureur sans être soi-même victime. Je pris acte de cette recommandation, qui rejoignait celle faite par le délégué du préfet, la veille.

Je ressortis sans avoir reçu de convocation pour me présenter devant un juge, et sans qu'aucune charge ne soit retenue contre moi. L'officier ne prit même pas la peine de téléphoner au procureur pour lui demander quelles suites il entendait donner à cette affaire. Il me dit qu'il lui renverrait le tout, afin qu'il prenne sa décision. Manière diplomatique de me dire qu'il n'y avait rien à poursuivre, mais que je devais néanmoins faire attention à ce que j'écris.


L'officier reproduisit fidèlement mes propos dans l'audition, ce qui était très appréciable. Par comparaison, en juillet 2012, l'officier qui m'avait entendu s'était alors contenté d'une vague synthèse évocatrice. Les synthèses ne laissent pas de place aux nuances, et il est regrettable de devoir s'en contenter.

L'officier avait entendu l'histoire du vigile, qui avait manifestement fait le tour du commissariat. Il me dit que personne ne pouvait m'interdire d'entrer dans un lieu de culte, quelle que soit la fantaisie des arguments présentés. Seul un juge a le pouvoir de prendre une telle décision, ce qui n'était pas le cas.
 
Je conclurai ce message en mettant à l'honneur un principe cher au père Nicolas, celui du droit à la satire : j'avais l'impression que toute cette plainte avait été rédigée par les Pieds Nickelés de la procédure, ces petits-filous sans envergure dont les mauvais coups les conduisent souvent en prison !

L'audition avait duré 3 heures.

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