de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

samedi 8 novembre 2014

140- État islamique...

Quand tu t'approcheras d'une ville pour la combattre, tu lui feras des propositions de paix. Si elle te répond : " Faisons la paix ! ", et si elle t'ouvre ses portes, tout le peuple qui s'y trouve sera astreint à la corvée pour toi et te servira. Mais si elle ne fait pas la paix avec toi, et qu'elle engage le combat, tu l'assiégeras ; le Seigneur ton Dieu la livrera entre tes mains, et tu frapperas tous ses hommes au tranchant de l'épée. Tu garderas seulement comme butin les femmes, les enfants, le bétail et tout ce qu'il y a dans la ville, toutes ses dépouilles ; tu te nourriras des dépouilles de tes ennemis, de ce que le Seigneur ton Dieu t'a donné. C'est ainsi que tu agiras à l'égard de toutes les villes qui sont très éloignées de toi, celles qui ne sont pas parmi les villes de ces nations-ci.
Mais les villes de ces peuples-ci, que le Seigneur ton Dieu te donne comme patrimoine, sont les seules où tu ne laisseras subsister aucun être vivant. En effet, tu voueras totalement à l'interdit le Hittite, l'Amorite, le Cananéen, le Perizzite, le Hivvite et le Jébusite, comme le Seigneur ton Dieu te l'a ordonné, afin qu'ils ne vous apprennent pas à imiter toutes les actions abominables qu'ils font pour leurs dieux : vous commettriez un péché contre le Seigneur votre Dieu. (Deut. 20, 10-18)

Ce texte, que l'on pourrait croire sorti tout droit d'un discours d'Al Baghdadi, chef de l’État Islamique qui ensanglante le monde, vient en réalité de la Torah, que les chrétiens ont conservé dans les récits de la Sainte Bible, bien qu'aucun des offices orthodoxes ne reprenne la lecture ou l'enseignement de tels passages.

Les commentateurs chrétiens qui ont osé aborder ces passages dans leurs analyses, comme Origène, ont pudiquement estimé qu'il s'agissait d'une métaphore destinée à faire comprendre le sens spirituel du combat intérieur contre nos passions.

Lorsque le monde occidental soutenait les islamistes pour renverser Bachar el Assad, Vladimir Poutine fut reçu par David Cameron. Il lui fit remarquer que les Russes ne soutenaient pas des cannibales et s'en tenaient au respect du droit international.


 
Monsieur Poutine faisait allusion à cette vidéo d'un rebelle islamiste modéré, parti combattre l'armée syrienne au nom de la guerre sainte, dans laquelle il découpe un soldat, lui arrache le cœur et en mange un morceau devant la caméra. Je déconseille cette vidéo aux moins de 21 ans et à toute personne sensible.



Et c'est là que se pose la question de la raison soumise à l'idéologie, ou la dominant. Monsieur Poutine estimait avec raison que la Russie ne pouvait soutenir de tels comportements. En effet, il ne s'agissait pas de soutenir tel dictateur plutôt que tel autre, comme les américains ont soutenu Pinochet, Saddam Hussein et bien d'autres, et comme les russes ou les français en ont également soutenu. Il s'agissait là de soutenir une idéologie dont le seul but est l'éradication systématique de tous les opposants. Mais revenons-en à cette idéologie qui motive ces hommes que nous soutenons par notre argent et nos armes.

Si vous relisez le commandement de Dieu, dans le Deutéronome, vous y trouverez l'ordre de pratiquer les mêmes choses que nous voyons dans la vidéo ci-dessus : tu te nourriras des dépouilles de tes ennemis, de ce que le Seigneur ton Dieu t'a donné (Deut. 20, 14). 

Lorsque Daesh viole les femmes et vend des milliers d'entre elles comme esclaves, en estimant qu'elles lui reviennent comme butin de guerre, c'est encore de la Bible que le précepte provient à l'origine : Tu garderas seulement comme butin les femmes, les enfants, le bétail et tout ce qu'il y a dans la ville (Deut. 20, 14).

Lorsque Daesh extermine sans pitié les villages qu'il conquiert, enterrant vivants des centaines de femmes et d'enfants capturés, villages peuplés d'infidèles, Yézidis ou autres, au motif qu'ils commettent des abominations en  adorant Dieu d'une façon qui n'est pas la leur, ce sont les préceptes des juifs qu'ils mettent en pratique : Les villes de ces peuples-ci, que le Seigneur ton Dieu te donne comme patrimoine, sont les seules où tu ne laisseras subsister aucun être vivant (Deut. 20, 16).

En creusant les Livres Saints, vous pourrez y lire comment exterminer tous les mâles sans exception, du nourrisson au vieillard grabataire, ainsi que toutes les femmes adultes ou ayant connu un homme. Seule les petites filles, dont on peut disposer, ont parfois la chance d'être épargnées, sauf pour certains peuples frappés d'interdit, car alors même les animaux doivent être égorgés (Nb 31, 17-18 , Jos. 6, 21). Les moyens d'extermination de masse n'ayant pas encore été développés, c'est la bonne vieille méthode de l'égorgement qui est privilégiée. Méthode remise au goût du jour par les amis de la Syrie, qui en testèrent l'efficacité sur les soldats Syriens avant d'en étendre l'application à la population puis, par la suite, aux pays voisins.

Chez les juifs, comme chez les chrétiens ou les musulmans, il est facile d'attribuer à Dieu, ou à telle personne morte depuis longtemps, des propos qu'il n'a jamais tenus. Prenons le cas présent.

Le Deutéronome, dernier livre du Pentateuque, est traditionnellement attribué à Moïse. Pourtant, au chapitre 34, la mort de Moïse y est décrite avec force détails. Moïse était, certes, très fort, mais il aurait néanmoins eu certaines difficultés à écrire le récit de sa propre mort et ce qui suivit.

Wikipedia donne cette très bonne analyse : Aujourd’hui, les exégètes supposent que la rédaction du Deutéronome commence sous le règne d’Ézéchias ou peu après, c'est-à-dire vers la fin du VIIIe siècle  av. J.-C. ou au début du VIIe siècle av. J.-C., et se termine vraisemblablement au retour d'exil, vers la fin du VIe siècle  av. J.-C.. Les auteurs responsables de l'écriture du livre sont regroupés sous le nom d' « école deutéronomique », et les livres qui suivent le Deutéronome (Josué, Juges, 1-2 Samuel et 1-2 Rois) sont considérés comme faisant partie de l' « historiographie deutéronomiste ».

Les exégètes dont il est ici question sont, à l'origine, des théologiens protestants. Ceux-ci ont en effet un regard critique plus poussé que les orthodoxes ou les catholiques, en ce sens qu'ils n'hésitent pas à remettre en cause certaines versions officielles, rétablissant, du coup, des vérités historiques. En France, aujourd'hui, c'est la faculté de théologie protestante de Strasbourg qui est la plus renommée pour son enseignement.

Il ressort donc que ces préceptes divins destructeurs ne devraient pas être considérés autrement qu'une manipulation destinée à asseoir une autorité sur la violence et la peur. Une façon de réécrire l'histoire pour tenter de justifier les horreurs commises, ou préparer celles à venir.

Tous les ingrédients de la manipulation des esprits faibles y sont présents, y compris la culpabilisation de ceux qui auraient un cas de conscience à suivre ces commandements : tu feras comme ton Dieu te l'a ordonné, sinon tu commettras un péché ! Mais comme Dieu n'est pas visible, tu feras comme moi je te dis que Dieu a dit qu'il fallait faire. La répétition inlassable est également un élément destiné à faire entrer les idées dans les consciences. Les mots anathème et interdit (frapper d'interdit est l'équivalent linguistique, dans la Torah, d'exterminer sans pitié) reviennent presque plus souvent que le mot Dieu dans le Livre des Nombres et le Deutéronome. Quand au Livre de Josué, il ne s'agit de rien d'autre que du récit de l'extermination systématique de tous les peuples rencontrés.

Ce qui fait de Josué une forme d'Al Baghdadi antique, ou plutôt ce qui fait d'Al Baghdadi un nouveau Josué venu lui aussi prendre une terre offerte par un dieu de circonstance. Les deux personnages ne se différencient que par le dieu qu'ils servent. Quoique... Il y a tellement de similitudes entre les deux expressions de leurs cultes respectifs, qu'il n'est pas établi que leurs dieux soient différents. Je nuancerai néanmoins le terme de Dieu, car il est trop facile de lui attribuer des commandements qui ne servent que nos seuls intérêts. Nous avons vu, dans le message précédent sur Jonas, que Dieu ne vise pas à la destruction des hommes, mais au salut de toutes les nations. Il me semble donc plus judicieux de parler ici de servir les mêmes forces malfaisantes car, mise à part l'extension du mal sous toutes ses formes, Baghdadi et Josué n'ont rien apporté.

C'est pour faire disparaître par la violence le message diffusé par Jonas, et ne laisser subsister que celui de Josué, que les hommes de Baghdadi, lorsqu'ils prirent Ninive, en juillet 2014, firent sauter le mausolée du prophète Jonas, vénéré depuis des millénaires par tous les hommes de toutes les religions. Et ils se mirent à détruire cette ville que Dieu avait préservée du temps du prophète.



Nul doute que, dans quelques siècles, ou quelques décennies, les nostalgiques des méthodes radicales de Baghdadi écriront un livre, qu'ils prétendront être d'inspiration divine, et l'attribueront à leur calife en personne, pour tenter de justifier ce qui se perpètre aujourd'hui par devant l'Histoire, et essayer de faire revivre ses idées et ses méthodes.
 

Cette écriture tardive du Deutéronome est un peu comme si le métropolite Emmanuel Adamakis réécrivait aujourd'hui le Nouveau Testament, en faisant dire au Christ ce qu'il aimerait trouver dans sa parole plutôt que ce qu'il a vraiment dit. Ou bien un peu comme les Américains qui retournent constamment au Vietnam, dans leurs films, pour tenter de gagner cette guerre. 

C'est contre cette pratique que s'est élevé saint Irénée de Lyon, en refusant les Évangiles apocryphes qui ne venaient pas directement des disciples ayant connus le Christ. Parmi ces évangiles apocryphes, comme ceux dits de Judas, de Philippe, de Thomas, de Marie-Madeleine... certains ont été écrits 400 ans après l'époque du Christ, et ne présentent aucune garantie de véracité, lorsqu'ils ne reflètent pas carrément les idées que tentaient de faire valoir leurs auteurs.

L’Évangile le plus récent est celui de Maria Valtorta. Cette Italienne vit le Christ lui apparaître en plein cœur de la seconde guerre mondiale, et durant des années. De ces visions, elle écrivit 15000 pages relatant la vie de Jésus. Pages manuscrites qui furent éditées en dix tomes relatant L’Évangile tel qu'il m'a été révélé.

C'est aussi pour mettre fin à ces pratiques d'écritures tardives et orientées, qui détournaient le message qu'il a, de tous temps, eu envers les hommes, que Dieu s'est incarné. Finies les vengeances et les exterminations mises sur le compte des commandements divins, terminés les anathèmes et les interdits. Seuls comptaient pour lui le pardon, la miséricorde et l'amour, nous rappelant que le royaume de Dieu n'est pas de ce monde (Jn 18, 36), et que sa paix concerne tous les hommes de la terre et de bonne volonté (Lc 2, 14).

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