de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

samedi 25 octobre 2014

136- Karagiozis le bouffon



Karagiozis le bouffon est une sorte de Guignol grec. Ses aventures destinées à amuser les enfants sont nombreuses. La vidéo ci-dessous présente l'histoire du Pacha qui cherche un chanteur pour l'anniversaire de sa fille. Le compère de Karagiozis sait très bien chanter, mais a honte de le faire en public. Karagiozis est persuadé qu'il peut le remplacer. Mais la seule chose qui l'intéresse vraiment est d'aller à l'anniversaire pour bien manger et bien boire.

Il peine à convaincre les gens de ses capacités de chanteur quand il rencontre la fille du Pacha. Elle lui demande s'il sait chanter. Question à laquelle il répond, sans hésitation : Bien sûr ! Elle lui demande une chanson. Il lui chante alors la cucaracha, remplacée par la fassolada (plat de gros haricots en sauce tomate).

La fille du Pacha est séduite et, suite à cela, lui demande de venir à la fête. Mais plutôt en qualité d'amuseur pour distraire les gens et faire des blagues. Mais dès qu'il rentre dans la maison, il se jette dans la cuisine pour dévorer les plats, et il se fait mettre constamment dehors.

Finalement, la fille du Pacha arrive à le faire venir à la fête pour amuser le public, en lui promettant beaucoup de nourriture en reconnaissance de son travail de plus grand comique au monde.



Nous avons, nous aussi, notre Karagiozis local, dont l'histoire s'apparente par bien des aspects au conte pour enfant décrit plus haut. L'agrément fantaisiste qu'il apporte à la communauté le rend pittoresque et attachant. Mais replaçons cette histoire dans son contexte...

Dès son arrivée à Lyon, le père Nicolas Kakavelakis se mit en tête de vouloir chasser Kostas, notre chantre. Il estimait pouvoir ainsi économiser son indemnité mensuelle de 300 euros, somme qu'il affectera à l'augmentation de son salaire.

SS Bartholoméos et Kostas Patroni


Pourtant, c'est une autre personne qu'il réussit à faire partir en premier : Jean-Luc L. 

Jean-Luc était converti à l'orthodoxie et aimait le contact de l'église. Le père Athanase lui avait trouvé un rôle de lecteur, qui est le plus petit niveau des ordres mineurs dans la hiérarchie religieuse (lecteur, acolyte, sous-diacre, diacre, prêtre, évêque). 

Le père Nicolas le considérait comme un fardeau inutile et décida, dès son arrivée, de ne plus le solliciter pour rien. Je m'abstiendrai de reproduire les mots qu'il utilisa pour parler de lui. Si bien que Jean-Luc, ne cherchant pas à s'imposer, pris rapidement ses distances et quitta la communauté.

La nature ayant horreur du vide, sa place fut rapidement prise, tout comme celle du chantre qui s'éloigna également, par notre Karagiozis local. Ce n'était pas tant ses dons vocaux que le père Nicolas recherchait, que ses capacités à accepter n'importe quoi.

On racontait que, tourmenté de longue date, notre pittoresque ami voyait en songe Jean-Baptiste qui lui disait : Il ne t'est pas permis d'avoir la femme de ton frère (Mc 6, 18). Il se serait mit alors à prendre celle des inconnus en croyant ainsi montrer sa bonne volonté.

Mais ce n'était pas un remède suffisant pour que son tourment cesse, même si Jean-Baptiste devait penser que, décidément, il ne pourrait rien en tirer.

Comme souvent dans de telles situations, celui qui culpabilise est prêt à suivre le premier imposteur venu, pour peu que celui-ci le réconforte et lui promette la rédemption. Notre ami se mit donc à fréquenter les flatteurs qui lui disaient que toutes ces erreurs n'étaient pas importantes car, en les servant, eux qui étaient prêtres, il pourrait trouver la rédemption.

Ayant depuis longtemps perdu le sens du discernement, il devint tout aussi pieux que Monseigneur Paul de Tracheia lorsque ce dernier fréquentait le monastère du Père Placide. Il ne se méfia pas davantage lorsqu'on lui demanda de signer des faux documents, de cautionner des irrégularités comptables, ou d'exclure les personnes qui faisaient remarquer que tout cela n'était pas normal.

Il prit comme un compliment d'être nommé chantre de l'église, malgré le fait qu'il aurait été incapable de figurer dans autre chose que le bêtisier de la Star Academy, rejoignant en cela le héros des enfants dont il semblait s'inspirer.



Mais il chantait vraiment trop mal et le père Nicolas voulu l'écarter à son tour pour promouvoir la venue de Jean-Bertrand.

Notre Karagiozis sentait venir ce nouveau revers de fortune, ce qui fit craindre au père Nicolas qu'il ne perde sa fiabilité et ne se mette à dénoncer les diverses manipulations qu'il avait cautionnées. Adore ce que tu as brûlé, et brûle ce que tu as adoré est une citation qu'il ne souhaitait pas voir appliquer.

Afin de le garder sous sa coupe, le père Nicolas décida d'appliquer le vieux principe de la promotion placard. Il profita de la venue de Monseigneur Emmanuel Adamakis, un jour où celui-ci n'était pas en vacances en charmante compagnie, et le fit ordonner lecteur.



Attitude opportuniste qui poussa le père Nicolas à faire l'éloge d'un poste qu'il avait tant dénigré avec Jean-Luc.

Alors, que dire à notre Karagiozis ? Tu ne pourras jamais fuir ta conscience. Tu peux vivre au milieu des illusions si tu le souhaites, tu peux essayer de l'anesthésier, ou même te convaincre qu'être proche du clergé suffit à être proche de Dieu, oubliant tout ce que tu sais sur eux, mais cela ne suffira jamais à t'apporter la paix que tu prétends rechercher. Tu ne trouveras cette paix que dans la vérité et la justice.

Ce sera dur au début, car tu n'as pas l'habitude d'être honnête, mais tu verras que, petit à petit, tu seras capable de te corriger. Et c'est alors que tu pourras vraiment goûter à la paix.

Il y aura certainement des choses que tu ne pourras jamais réparer, mais même si tu ne peux pas tout réparer, évite en premier lieu de continuer à croire que tu existes parce que tu as pris la place de ceux que tu as contribué à chasser. Tu n'auras peut-être plus l'habit noir qui t’enorgueillit, et tu ne mangeras peut-être plus au restaurant avec le Métropolite, mais rassure-toi : il n'est pas ton type et tu es trop vieux pour lui.

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