de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

samedi 9 mars 2013

81- Signes

Les photos et vidéos de la foudre frappant le Vatican, peu après que le pape de Rome eut annoncé sa démission, le 11 février 2013, ont fait le tour du monde.


La première pensée qui vient naturellement à l'esprit à la vue de ce phénomène est : Raté !

Mais comme personne n'est assez fou pour conseiller à Dieu de prendre des cours de tir, alors attachons-nous plutôt à cette question : est-ce un signe ?
 
Les évangélistes Matthieu, Marc et Luc appellent les phénomènes inexpliqués faits par le Christ miracles. Saint Jean l'évangéliste, lui, n'utilise pas le mot miracle, mais le mot signe. Le Christ est assez direct sur la question des signes : Les pharisiens et les sadducéens abordèrent Jésus et, pour l'éprouver, lui demandèrent de leur faire voir un signe venant du ciel. Jésus leur répondit : Le soir, vous dites : Il fera beau, car le ciel est rouge ; et le matin : Il y aura de l'orage aujourd'hui, car le ciel est d'un rouge sombre. Vous savez discerner l'aspect du ciel, et vous ne pouvez discerner les signes des temps. Une génération méchante et adultère demande un miracle ; il ne lui sera donné d'autre miracle que celui de Jonas. Puis il les quitta, et s'en alla. (Matt. 16, 1-4)

Donc, d'un côté, le Christ affirme que Dieu ne donnera aucun autre signe que celui de sa résurrection  et, de l'autre, la multitude des miracles qu'il a accomplis ont été autant de signes.

Le mot signe, en grec ancien, est Simion. Il a donné aujourd'hui Sima que les Grecs utilisent pour désigner les panneaux de signalisation routière. Le signe est donc normalement toujours clair et limpide. Il est un guide sur la route de la connaissance qui nous conduit à Dieu.

Pourtant, la question des signes reste très délicate. Entre ceux qui voient des signes de partout, et ceux qui ressemblent à des aveugles, comment savoir où se trouve la vérité ? Devant un signe, il ne peut jamais y avoir ce genre de questions : A qui est-il destiné ? Que veut-il dire ? Qui l'envoie ? Car sinon, au lieu d'apporter des solutions, il n'apporte que du trouble. Et Dieu ne se trouve jamais dans le trouble. Étudions cet éclair qui a frappé le Vatican.

Tout d'abord, qui l'envoie ? Peut-être personne ? Peut-être est-ce un simple élément naturel ? Peut-être est-ce la N.S.A. qui teste de nouvelles technologies pour influencer les masses ? Peut-être est-ce Dieu ? Peut-être aussi est-ce un démon qui veut dire : Ici, c'est chez moi ! ? Que voudrait dire un tel signe : Ce n'était déjà pas brillant avec Benoît XVI, mais si en plus il s'en va... ? Ou peut-être est-ce destiné aux cardinaux, pour leur montrer que Dieu existe, même s'ils n'y croyaient pas ? Ou peut-être est-ce un avertissement de Dieu destiné au pape : Arrête de faire comme si c'était moi qui te parlais, parce que la prochaine fois, je ne te raterai pas !

Bien souvent, malheureusement, l'homme est tenté de ne voir dans les signes qu'il croise que ce qu'il veut bien y trouver. Il suit ce qu'il veut croire, sans chercher à se remettre en cause. Un faux signe, ou un signe que l'on aurait mal interprété, ne pourrait que nous éloigner de la vérité, au lieu de nous en rapprocher. Les pères spirituels conseillent donc souvent de ne pas faire attention aux signes, afin de ne pas courir le risque de tomber dans l'illusion.

Saint Siméon le Stylite eût un jour la vision d'un char de feu venu le chercher, comme le prophète Élie, pour le récompenser de ses efforts et le conduire au ciel. Il pris cette vision comme une juste récompense de ses efforts. Il fit son signe de croix avant de monter sur le char et aussitôt la vision s'évanouit. Il resta troublé jusqu'à ses derniers jours d'avoir failli être victime des illusions démoniaques, malgré tous les sacrifices qu'il avait fait pour Dieu durant sa vie. Histoire de la décadence et de la chute de l'empire romain, Edouard GIBBON, éd. A. Desrez, tome 1, p. 883. L'orgueil perverti l'esprit et peut nous faire voir des signes et des visions là où il n'y a qu'illusions.
 
L'Apocalypse est le livre le plus connu, relatant les signes avant-coureur de la fin des temps. Et pourtant, malgré le fait qu'il soit dans les livres sacrés de la Bible, aucun théologien et aucun spirituel, depuis 2000 ans, n'a jamais été en mesure d'élucider les mystères qu'il contient. Les plus sages disent qu'il ne faut pas chercher à vouloir l'interpréter artificiellement, car les choses s'éclaireront d'elles-mêmes lorsque le temps sera là. Et, en attendant, cela ne doit pas nous dispenser de vivre avec intensité et sagesse chaque jour comme si c'était le dernier.

Les évêques montrent l'exemple sur la conduite à tenir devant les signes. Ces derniers temps, ils ont tous eu de nombreux signes leur montrant que l'heure est à la démission pour se retirer dans un monastère et y prier Dieu. S'ils ont montré la plus grande vigilance et la plus grande circonspection devant ces signes, pourtant faciles à comprendre, alors il convient, nous aussi, de rester prudents.

Au-delà des prétendus signes qui sont souvent plus supposés que réels et dont nous avons vu les limites, il y a deux choses qui peuvent guider l'homme dans ses décisions : sa conscience et la paix qu'il ressent quand il prend une décision juste.

2 commentaires:

  1. Donc laissons les signes de côté ,car trop incertains et simple reflet de notre interprétation et concentrons nous sur notre conscience et la paix qui s' attache à une décision juste. Mais là encore ne sommes nous pas dans le subjectif .. Le doute ne reste t il pas toujours de mise comme pour Saint Siméon le Stylite et comme pour tant d' autres . En tout cas très belle réflexion apaisée que j' ai beaucoup de plaisir à lire et que je vais méditer .

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  2. En fait, que ce soit dans les signes ou avec sa conscience, Dieu ne se trouve jamais hors de la paix. Quand le prophète Élie s'est retiré sur le mont Horeb (IRois 19), Dieu se manifesta à lui. Mais Dieu n'était pas dans le vent violent qui précéda cette révélation, ni dans le tremblement de terre, ni dans le feu qui se déchaina alors. Il était dans le murmure doux et léger qui lui apporta la paix. Saint Séraphim de Sarov disait : trouve la paix et des milliers autour de toi seront sauvés.
    La conscience parle souvent davantage au cœur et les signes touchent plus l'intellect. C'est une constante de la spiritualité de considérer qu'il est plus facile de tromper l'intellect que le cœur. Le signe n'est pas toujours négatif, puisque Dieu en donne. Mais faire la part entre le véritable signe (qui va être une évidence pour celui à qui il est adressé et lui apporter la paix) et les illusions est délicat. On ne compte plus ceux qui disent avoir reçu une révélation divine et qui n'ont en fait que conduit les autres et eux-mêmes dans l'erreur.
    Au IVè siècle, les déserts d’Égypte se sont remplis de moines ermites, sous l'impulsion de saint Antoine. Cent ans plus tard, presque tous ces ermites s'étaient regroupés en monastères communautaires, en grande partie à cause du trop grand nombres de moines qui se sont perdus dans les illusions de l'esprit favorisées par leur solitude, et ce malgré toute leur bonne volonté et leurs efforts ascétiques.

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