de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

samedi 3 mars 2012

28- Makarios le Chypriote



Avant de commencer, il me semble que la publication de mes messages sur les travaux du presbytère ont permis d'éclaircir des points importants avec le bureau actuel. Ils ont permis de tendre vers la reconnaissance de ce que nous avons fait. En effet, les mêmes personnes qui critiquaient la façon de fonctionner de l'ancien comité, et qui sont aujourd'hui celles qui gèrent le bureau du nouveau comité, ont adopté les mêmes méthodes. Elles ont engagé des travaux de réfection de la cuisine de la salle paroissiale sans en parler à l'ensemble du comité, et sans faire valider de dépenses par celui-ci. Peut-être qu'il s'agit du don d'un particulier, qui ne passe pas par les caisses de la communauté, auquel cas le comité n'a pas besoin de se prononcer pour engager la dépense, mais il aurait au moins dû valider le début des travaux. Savoir si cette cuisine mérite une réfection globale ou de simples aménagements est un sujet intéressant. C'est en tout cas plus intéressant que de se réunir pour décider d'exclure les membres les uns après les autres.

Je ne peux pas me plaindre de la façon de réaliser ces travaux, puisque j'ai réalisé ceux du presbytère avec les mêmes méthodes, mais au moins le nouveau bureau ne peut-il plus se plaindre non plus de l'ancien bureau. Je laisse donc ces questions de fonctionnement être réglées par le comité et l'assemblée générale qui doit se réunir très bientôt. Nos statuts prévoient, à l'article 13, § l, qu'elle se réunisse une fois par an, et nous avons dépassé la date anniversaire de la dernière assemblée ; celle-ci ne devrait donc plus tarder.

Lorsque Marie Madeleine a versé un parfum de très grande valeur sur les pieds du Christ, Judas, qui était voleur et qui prenait dans la bourse ce que l'on y mettait, a reproché que l'on n'ait pas utilisé l'argent pour les pauvres (Jn 12, 3-7). Se donner bonne figure devant les autres semblait déjà une préoccupation lorsque les motivations premières n'étaient pas avouables. Le Christ a dit alors : Les pauvres, vous les aurez toujours avec vous, mais moi vous ne m'aurez pas toujours (Jn 12, 8). Quand le Christ est mort et ressuscité, les disciples se sont donc réunis et ont commencé à organiser l'assistance aux pauvres. Le don des miracles était pratique pour guérir les malades à peu de frais, mais nourrir tous les pauvres qui venaient les voir demandait des moyens financiers.

Les disciples ont donc mis en commun leur argent et ceux qui se joignaient à eux faisaient de même. L'argent servait à leurs bonnes œuvres. L’Église a toujours gardé cette tradition de philanthropie au cours des siècles. Elle s'est occupée de fonder des hôpitaux, des orphelinats, des écoles, des foyers de toutes sortes pour venir en aide à ceux qui en avaient besoin. A Lyon, c'est comme cela que se sont constitués les Hospices Civils : autour de l'action de religieux. Les Hospices Civils sont aujourd'hui le plus grand propriétaire terrien de la ville. Notre église est d'ailleurs construite sur un terrain qui appartient aux Hospices Civils, qui ont accordé à notre communauté un bail pour y construire une église. Les Hospices Civils ont imposé certaines règles d'architecture, ce qui explique que l'église n'a pas l'aspect extérieur des églises traditionnelles grecques, mais il est incontestable que nous leur sommes extrêmement redevables pour ce terrain.

L'histoire de l’Église est pleine de cet amour philanthropique qui s'est incarné au travers de ces œuvres multiples. Aujourd'hui encore, l’Église de Chypre en est une incarnation vivante. Chypre a eu la grande particularité d'avoir pour premier président son archevêque, monseigneur Makarios.

Le Christ dit que l'on ne peut pas servir deux maîtres (Lc 16, 13). Cumuler un rôle politique et un rôle ecclésiastique est donc particulièrement périlleux quand on prétend servir le Christ. Makarios, lui, a utilisé la politique pour mener à bien son idéal chrétien, sans jamais perdre des yeux qui son cœur servait. Il a organisé dans son pays un réseau d'aides de toutes sortes remarquable.

Son successeur actuel à la tête de l’Église, monseigneur Chrysostome II, poursuit son action malgré les demandes croissantes d'assistance dues à la crise qui touche cette île, dans le prolongement de la crise grecque. La métropole a ses cuisiniers et, tous les jours, toutes les personnes qui ont besoin d'un repas savent où elles peuvent le trouver. Je connais beaucoup de Chypriotes, à Lyon, et tous me citent avec fierté l'exemple de leur pays comme modèle de ce que doit être un métropolite et l'institution qu'il dirige. Ils me parlent parfois, désabusés, des personnes qui, en France, n'ont jamais trouvé l'aide dont ils avaient besoin auprès de notre métropole. A la décharge de celle-ci, j'ajouterai cependant que lorsqu'elle a construit une maison de retraite médicalisée, à Lyon, ainsi qu'un foyer d'étudiants, elle se les est fait subtiliser par une modification des statuts de ces institutions qui l'en a exclue.

Servir l’Église est donc une noble cause si elle n'est dénaturée par ses dirigeants. J'ai beaucoup d'admiration pour ceux qui servent des causes humanitaires (Greenpeace, Médecins du Monde...), ou qui agissent pour protéger nos libertés. Ils ne rougissent pas de ce qu'ils font. Servir le Christ au travers des œuvres de l’Église est tout aussi noble, avec en plus une vision eschatologique et une dimension d'éternité. L'idée est plaisante, mais y a-t-il forcément besoin de devenir prêtre pour y parvenir ? Ne suffit-il pas simplement de rester juste dans ce que l'on fait chaque jour ? Je crois que chacun doit suivre ce que lui dit son cœur. De cette façon, l'infinité de Dieu s'exprimera au travers de la diversité innombrable que chaque homme représente à son niveau, grâce à l'Esprit qui guide les cœurs.

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