de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

dimanche 15 janvier 2012

2- Vie privée et sacerdoce




Le père Athanase ne m'a jamais demandé pourquoi je ne me mariais pas avec Caroline. Mais, par contre, il m'a montré chaque jour l'exemple de ce que lui considérait être juste de faire dans une vie équilibrée, conforme à l’Évangile, pour tenter de progresser vers Dieu. En cela, il a été conforme à l'exemple que de nombreux spirituels ont montré dans la tradition chrétienne. On raconte par exemple, dans les apophtegmes des pères du désert (recueil de paroles de sagesse des moines entre le IVe et le VIe siècle), qu'un vieux moine ne parlait jamais à ses disciples. Un jour, les disciples sont allés se plaindre auprès d'autres moines réputés qui sont venus voir l'ancien et lui ont demandé : Père, pourquoi ne donnes-tu pas d'enseignement à tes disciples ? Celui-ci répondit alors : S'ils ne font pas ce que je fais, pourquoi feraient-ils ce que je dis ? C'est toujours par l'exemple des plus sages que la tradition chrétienne s'est propagée.

Le problème du père Nicolas est donc éthique, parce que c'est précisément celui qui, à peine arrivé, me demandait de me marier, qui semblait montrer un certain laxisme sur les obligations de la vie maritale.

Lorsque Michèle Aliot-Marie a été confrontée au problème de ses vacances passées en Tunisie au moment de la répression de Ben-Ali, elle a dit qu'elle était en vacances, que c'était sa vie privée et qu'elle n'avait pas de compte à rendre sur ces périodes-là. Bien évidemment, l'argument n'a pas tenu et elle a dû démissionner. L'argument n'a pas tenu parce que la vacance du pouvoir n'existe pas en droit : si elle avait téléphoné et donné un ordre en tant que ministre, vacances ou pas, l'ordre aurait été valide.

Avec un prêtre, le problème de la vie privée est encore plus complexe car le prêtre revendique justement de vouloir transformer nos vie privées par l'exemple de la sienne pour nous montrer un chemin de justice qui peut nous conduire vers Dieu à travers l'application du message de l’Évangile. Le prêtre expose donc l'exemple de sa vie privée bien plus que l'exemple de sa vie publique. Si le prêtre a un petit creux vers 1h du matin, après avoir lu les dernières nouvelles sur internet, il va bénir son kourabié et sa bénédiction aura la même valeur à n'importe quelle heure de la journée. C'est pour cela d'ailleurs qu'il peut se lever à n'importe quelle heure de la nuit s'il faut aller administrer l'extrême onction à un malade : il n'y a pas des heures durant lesquelles il est prêtre et des heures durant lesquelles il ne l'est pas. Toujours dans le domaine de la vie privée, le prêtre reçoit le fidèle pour la confession, écoute ce qu'il a de plus douloureux ou de plus caché, et sert de lien avec Dieu pour lui apporter le pardon. L'exercice étant particulièrement difficile, il devient totalement impossible si le prêtre n'est pas irréprochable dans sa vie. C'est pour cela que, dans l'orthodoxie, on distingue presque toujours le prêtre de paroisse, qui administre les sacrements courants, du père spirituel, homme sage et réputé, que l'on va choisir pour se confesser et pouvoir bénéficier de ses conseils et de sa sagesse. Le jeune prêtre n'ayant généralement pas le droit de confesser car la conséquence directe est la mésaventure vécue par mademoiselle P. Mais là, la responsabilité incombe à l'évêque à qui il revient d'interdire au prêtre de confesser s'il n'a pas l'intime conviction que celui-ci est prêt à porter le poids des fautes des autres. Et force est de constater que l'évêque a manqué de clairvoyance en autorisant le père Nicolas à confesser.

Nous étions restés, dans le précédent message, au mail que j'avais envoyé au père Nicolas. Vous avez lu la nature de ce mail et la moindre des choses, si ce qui est décrit est faux, c'est qu'il y ait un démenti. Le père le sait parfaitement et j'ai eu plusieurs exemples où il a réagi tout de suite. Le dernier en date étant cette semaine, quand je lui ai montré les statuts de l'association qu'il a redéposés en préfecture en y apportant des modifications alors que la dernière assemblée générale avait refusé de voter pour modifier les statuts au motif que ce n'était pas à l'ordre du jour. Je reviendrai sur ce point dans un article dédié car il est complexe, lourd de conséquences et qu'il demande la production de plusieurs documents qu'il serait trop long de montrer maintenant.

Les premières heures sont donc passées, puis un jour, puis deux, et toute la semaine sans que j'aie la moindre réaction à mon mail. Le dimanche suivant, le père était particulièrement gêné. Le typikon (ordonnancement des offices de l’Église) prévoit que si deux prêtres se retrouvent pour célébrer, celui qui est le plus élevé dans la hiérarchie célèbre et l'autre concélèbre (se tient à ses côtés devant l'autel dans un rôle honorifique mais accessoire). Si les deux prêtres ont le même rang, c'est celui qui a été ordonné depuis plus longtemps qui célèbre. Si l'on veut laisser l'honneur de célébrer à un prêtre inférieur en rang ou en date d'ordination, par exemple un hôte que l'on reçoit, alors le prêtre qui aurait dû normalement célébrer reste dans le sanctuaire mais ne revêt pas ses ornements et ne participe pas à la liturgie en tant que célébrant.

Mais ce dimanche-là, le père Nicolas n'arrivait pas à chanter et ne pouvait pas non plus se permettre de ne pas revêtir ses ornements, alors il a laissé le père Antoine Callot, en visite dans notre paroisse, célébrer. C'était la première fois où j'ai vu un archiprêtre concélébrer aux côtés d'un prêtre. Mademoiselle P. est venue à l'église. Le père l'a alors attrapée, juste après la liturgie, et l'a conduite dans la salle de cours en compagnie de Christos K., membre du comité, et l'a enfermée. Je ne sais pas ce que ça donne en droit français, mais, pour avoir fermé la porte à la femme de chambre, Strauss-Kahn risquait 20 ans de prison.

Au bout de trente minutes, ne voyant personne redescendre, j'ai demandé à Stelios K., autre membre du comité, d'aller voir si tout se passait bien en haut. Sans poser de questions, et sachant que je n'ai pas l'habitude de ce genre de requêtes, il est monté et est redescendu aussitôt en me disant : C'est fermé en haut des escaliers, qu'est-ce qui se passe ? Nous avons attendu longtemps et, quand P. est redescendue, Stelios K. l'a interrogée pendant que Christos K., qui avait été présent avec le père, venait me dire : Qu'est-ce que tu cherches ? Tu ne vois pas ce qui va se passer si ça se sait ?

Je n'ai jamais aimé les faux suspenses des séries télévisées, mais le message commence à être long alors la suite sera pour demain.

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