de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

mardi 17 janvier 2012

5- L'enquête



Les scandales autour des prêtres sont extrêmement nombreux et ils attirent l'attention des médias à cause du contraste flagrant entre la dignité du message porté par les prêtres et la bassesse de leurs actions. Pourtant, les prêtres ne représentent qu'une petite partie de toutes les agressions sexuelles.

Le fils de l'un de mes amis fréquentait un centre aéré. Un jour, ses parents ont reçu un appel des gendarmes qui ont expliqué qu'ils voyaient tous les enfants qui avaient fréquenté le centre aéré ces dernières années. Ils se sont montrés très rassurants et très rigoureux dans leur méthode. Quand les parents se sont rendus à la gendarmerie, l'enfant a été pris en charge par un psychologue qui lui a parlé de tout et de rien, qui l'a mis en confiance et lui a fait raconter ses vacances. Il lui a fait dessiner tout ce qu'il avait envie de montrer et l'a félicité pour ses beaux dessins. Quand l'enfant avait été ainsi interrogé, tout a été analysé. Puis les gendarmes ont expliqué aux parents que leur enfant n'était pas concerné par les agressions sur lesquelles ils enquêtaient. Ils se devaient, pour la rigueur de leur enquête au sujet de l'un des animateurs du centre, de rechercher les victimes potentielles qui n'auraient pas osé parler mais qui vivaient néanmoins un traumatisme. Là, on peut vraiment parler d'enquête.

Quand la métropole m'a téléphoné, le jeudi 31 mars 2011, et qu'ils m'ont annoncé qu'ils allaient mener une enquête en interrogeant toutes les personnes concernées, j'ai évidemment pensé à une enquête comme celle décrite au paragraphe ci-dessus. Pourtant, ils n'ont fait qu'une seule chose : ils ont téléphoné à mademoiselle P. avec un discours qui conduisait inévitablement à lui faire peur et se sont contentés de cette réaction de peur qui l'a empêchée d'oser parler. Dans l'heure qui a suivi, le métropolite postait une réponse sur les conclusions de sa prétendue  enquête. La métropole savait bien que c'était un peu léger, aussi, le lendemain, vendredi, le vicaire de l'évêque, le père Arsénios, a téléphoné à P. et là, il l'a mise en confiance et lui a dit qu'il voulait savoir ce qui s'était vraiment passé. P. a tout raconté. Le problème était que la lettre de l'évêque était déjà partie et que le père Arsénios, même s'il connaissait la vérité, n'osait pas s'opposer à son évêque.

Le samedi, Caroline (mon amie) est allée à l'école grecque pour assurer la formation musicale qu'elle donnait bénévolement aux enfants depuis le début de l'année scolaire (septembre 2010). Là, elle est tombée sur le père Nicolas, furieux, qui avait la copie de tout ce que j'avais écrit. Il lui a demandé de choisir entre lui, prêtre, et moi avec qui elle n'est même pas mariée. Elle l'a envoyé se faire foutre et lui a demandé s'il avait l'intention de lui interdire de communier. Le père a répondu : les problèmes, c'est les problèmes, mais je ne refuserai jamais la communion à un orthodoxe. Là-dessus, il l'a chassée devant tous les enfants de l'école car il n'avait pas cru judicieux de s'éloigner des enfants pour faire sortir sa colère durant toute cette engueulade.  Certains enfants pleuraient. Le lendemain, dimanche, Caroline est allée chanter dans le chœur comme à son habitude. Au moment de la communion, j'ai amené mon fils de 2 ans que le père a fait communier, puis il a retiré ostensiblement le calice en me disant que ce que je faisais était très grave et il ne m'a pas donné la communion. On peut bien évidemment se demander si c'est ce que je fais moi qui est très grave ou si c'est ce qu'il fait lui. Quoi qu'il en soit, il n'est pas mon père spirituel pour me conseiller ce qui est bien ou pas ; il n'est pas évêque pour trancher une erreur de doctrine que j'aurais professée ; il est juste quelqu'un mis en accusation qui essaie d'utiliser la dignité de sa charge pour ses intérêts personnels dans une volonté d'intimidation et de domination.
 
Bien évidemment, ceux qui ont vu ce qui s'est passé n'ont pas compris et n'en connaissaient pas les causes. Seule mademoiselle P. a compris que c'était pour avoir pris sa défense que je me retrouvais dans cette situation. Alors elle a pris son courage entre ses mains et a écrit le récit précis de tout ce qu'elle avait vécu. Ce récit est déconseillé aux moins de 18 ans.

J'ai envoyé ce témoignage à la métropole par mail, le mercredi 6 avril. Pour moi, je ne leur envoyais pas quelque chose de nouveau puisque le père Arsénios savait déjà ce qu'il contenait. C'était en même temps l'occasion de soulever le problème de l'interdiction de communier faite par le père Nicolas.

Le lendemain, 7 avril, j'ai reçu le recommandé du métropolite Emmanuel. C'était, avec un immense décalage, les conclusions de son enquête du 31 mars en fin de matinée. Il affirme dans ce courrier qu'il a mené une enquête circonstanciée qui a conclu que je suis un affabulateur. J'affirme de mon côté que c'est un menteur et qu'il fait honte aux évêques tout autant que les évêques catholiques qui ont couvert les perversions de leurs prêtres. Malheureusement, je ne peux pas l'attaquer en diffamation car il est diplomate de l’État grec et que ses actions en France sont protégées par l'immunité diplomatique.

Le lendemain, je crois, le père Arsénios m'a téléphoné. Il m'a dit que c'était en tant que père spirituel et non pas en tant que représentant de la Métropole. Il m'a demandé de la patience pour leur laisser le temps d'analyser la situation et de savoir quoi faire. Il m'a dit que nous étions en Carême et qu'il serait bon de laisser passer les fêtes de Pâques dans la paix sans chercher à relancer ce dossier. Il m'a dit qu'il comprenait que je demandais seulement la vérité et qu'effectivement il ne voyait pas ce qui était faux dans ce que j'avais écrit. Il m'a dit que la décision de ne pas m'autoriser à communier n'avait pas été prise par l'évêque et que je pouvais continuer à aller dans n'importe quelle paroisse de la métropole, même s'il ne pouvait pas obliger le père Nicolas à changer sa décision.

Je me suis donc mis en pause jusqu'aux fêtes de Pâques, mais les choses ont continué à bouger sans moi, comme nous le verrons demain.

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