Les
scandales autour des prêtres sont extrêmement nombreux et ils attirent
l'attention des médias à cause du contraste flagrant entre la dignité du
message porté par les prêtres et la bassesse de leurs actions. Pourtant, les
prêtres ne représentent qu'une petite partie de toutes les agressions
sexuelles.
Le
fils de l'un de mes amis fréquentait un centre aéré. Un jour, ses parents ont reçu
un appel des gendarmes qui ont expliqué qu'ils voyaient tous les enfants qui
avaient fréquenté le centre aéré ces dernières années. Ils se sont montrés très
rassurants et très rigoureux dans leur méthode. Quand les parents se sont
rendus à la gendarmerie, l'enfant a été pris en charge par un psychologue qui
lui a parlé de tout et de rien, qui l'a mis en confiance et lui a fait raconter
ses vacances. Il lui a fait dessiner tout ce qu'il avait envie de montrer et
l'a félicité pour ses beaux dessins. Quand l'enfant avait été ainsi interrogé,
tout a été analysé. Puis les gendarmes ont expliqué aux parents que leur enfant
n'était pas concerné par les agressions sur lesquelles ils enquêtaient. Ils se
devaient, pour la rigueur de leur enquête au sujet de l'un des animateurs du
centre, de rechercher les victimes potentielles qui n'auraient pas osé parler
mais qui vivaient néanmoins un traumatisme. Là, on peut vraiment parler
d'enquête.
Quand
la métropole m'a téléphoné, le jeudi 31 mars 2011, et qu'ils m'ont annoncé
qu'ils allaient mener une enquête en interrogeant toutes les personnes
concernées, j'ai évidemment pensé à une enquête comme celle décrite au
paragraphe ci-dessus. Pourtant, ils n'ont fait qu'une seule chose : ils ont
téléphoné à mademoiselle P. avec un discours qui conduisait inévitablement à
lui faire peur et se sont contentés de cette réaction de peur qui l'a empêchée
d'oser parler. Dans l'heure qui a suivi, le métropolite postait
une réponse sur les conclusions de sa prétendue enquête. La métropole
savait bien que c'était un peu léger, aussi, le lendemain, vendredi, le vicaire
de l'évêque, le père Arsénios, a téléphoné à P. et là, il l'a mise en confiance
et lui a dit qu'il voulait savoir ce qui s'était vraiment passé. P. a tout
raconté. Le problème était que la lettre de l'évêque était déjà partie et que
le père Arsénios, même s'il connaissait la vérité, n'osait pas s'opposer à son
évêque.
Le
samedi, Caroline (mon amie) est allée à l'école grecque pour assurer la
formation musicale qu'elle donnait bénévolement aux enfants depuis le début de
l'année scolaire (septembre 2010). Là, elle est tombée sur le père Nicolas,
furieux, qui avait la copie de tout ce que j'avais écrit. Il lui a demandé de
choisir entre lui, prêtre, et moi avec qui elle n'est même pas mariée.
Elle l'a envoyé se faire foutre et lui a demandé s'il avait l'intention
de lui interdire de communier. Le père a répondu : les problèmes, c'est les
problèmes, mais je ne refuserai jamais la communion à un orthodoxe.
Là-dessus, il l'a chassée devant tous les enfants de l'école car il n'avait pas
cru judicieux de s'éloigner des enfants pour faire sortir sa colère durant
toute cette engueulade. Certains enfants pleuraient. Le lendemain,
dimanche, Caroline est allée chanter dans le chœur comme à son habitude. Au
moment de la communion, j'ai amené mon fils de 2 ans que le père a fait
communier, puis il a retiré ostensiblement le calice en me disant que ce que je
faisais était très grave et il ne m'a pas donné la communion. On peut bien
évidemment se demander si c'est ce que je fais moi qui est très grave ou si
c'est ce qu'il fait lui. Quoi qu'il en soit, il n'est pas mon père spirituel pour
me conseiller ce qui est bien ou pas ; il n'est pas évêque pour trancher une
erreur de doctrine que j'aurais professée ; il est juste quelqu'un mis en
accusation qui essaie d'utiliser la dignité de sa charge pour ses intérêts
personnels dans une volonté d'intimidation et de domination.
Bien
évidemment, ceux qui ont vu ce qui s'est passé n'ont pas compris et n'en
connaissaient pas les causes. Seule mademoiselle P. a compris que c'était pour
avoir pris sa défense que je me retrouvais dans cette situation. Alors elle a
pris son courage entre ses mains et a écrit le
récit précis de tout ce qu'elle avait vécu. Ce récit est déconseillé aux
moins de 18 ans.
J'ai
envoyé ce
témoignage à la métropole par mail, le mercredi 6 avril. Pour moi, je ne
leur envoyais pas quelque chose de nouveau puisque le père Arsénios savait déjà
ce qu'il contenait. C'était en même temps l'occasion de soulever le problème de
l'interdiction de communier faite par le père Nicolas.
Le
lendemain, 7 avril, j'ai reçu le recommandé du métropolite Emmanuel. C'était,
avec un immense décalage, les conclusions de son enquête du 31 mars en
fin de matinée. Il affirme dans ce courrier qu'il a mené une enquête
circonstanciée qui a conclu que je suis un affabulateur. J'affirme de mon côté
que c'est un menteur et qu'il fait honte aux évêques tout autant que les
évêques catholiques qui ont couvert les perversions de leurs prêtres.
Malheureusement, je ne peux pas l'attaquer en diffamation car il est diplomate
de l’État grec et que ses actions en France sont protégées par l'immunité diplomatique.
Le
lendemain, je crois, le père Arsénios m'a téléphoné. Il m'a dit que c'était en
tant que père spirituel et non pas en tant que représentant de la Métropole. Il
m'a demandé de la patience pour leur laisser le temps d'analyser la situation
et de savoir quoi faire. Il m'a dit que nous étions en Carême et qu'il serait
bon de laisser passer les fêtes de Pâques dans la paix sans chercher à relancer
ce dossier. Il m'a dit qu'il comprenait que je demandais seulement la vérité et
qu'effectivement il ne voyait pas ce qui était faux dans ce que j'avais écrit.
Il m'a dit que la décision de ne pas m'autoriser à communier n'avait pas été
prise par l'évêque et que je pouvais continuer à aller dans n'importe quelle
paroisse de la métropole, même s'il ne pouvait pas obliger le père Nicolas à
changer sa décision.
Je
me suis donc mis en pause jusqu'aux fêtes de Pâques, mais les choses ont
continué à bouger sans moi, comme nous le verrons demain.
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