de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

samedi 13 février 2016

204- Dichotomies



La France a été frappée plusieurs fois par des attentats, dès la fin de l'année 2014 et en 2015. Il y eut d'abord plusieurs véhicules qui foncèrent sur la foule rassemblée autour des marchés de Noël. C'était, par exemple, le cas à Dijon le 21 décembre 2014. Ou encore à Nantes, le 22 décembre 2014. Puis ce furent les attentats de Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015. Puis l'attentat contre l'usine de Saint-Quentin-Fallavier, le 26 juin 2015. Puis le vol de 180 détonateurs, de dizaines de pains de plastic et autres grenades sur le site militaire de Miramas, dans la nuit du 5 au 6 juillet 2015. Une semaine plus tard, le 14 juillet 2015, deux cuves d'hydrocarbures explosaient près de Marseille, vraisemblablement à cause du matériel militaire volé à Miramas. Enfin, le 13 novembre dernier, se déroulèrent les attentats de Paris, les plus dramatiques que la France eût jamais connus.

Attaque terroriste à Berre-l'Étang - 14 juillet 2015
 
 
Nous ne voyons là que la face médiatisée, plus ou moins réussie, de ces attaques. Le bilan aurait pu être bien pire si les terroristes du stade de France s'étaient fait exploser à la sortie du match qui avait lieu, plutôt que de se faire sauter en solitaires dans la rue déserte. Il y a sans doute eu beaucoup d'attaques qui ont été déjouées, et il y en a bien plus encore qui nous menacent. Si deux détonateurs ont servi aux attentats de Berre-l'Étang, n'oublions pas que 180 ont été volés et qu'aucun des coupables n'a été appréhendé. Et je ne parle pas des mystérieux survols de centrales nucléaires, qui ne laissent présager rien de bon.

La communication du Gouvernement devant ces attaques est très ambiguë. Il alterne constamment entre le déni et la dramatisation. 

C'est ainsi que, devant la multiplication des victimes, renversées sur les marchés de Noël, en décembre 2014, il se contentait d'évoquer des causes isolées, psychiatriques et alcoolémiques. Dans la continuité de ce déni médiatique, le Gouvernement aurait sans doute souhaité évoquer la combustion spontanée pour justifier l'attaque de Berre-l'Étang, mais les détonateurs retrouvés auraient rendu l'explication peu crédible. Il se contenta de parler de coïncidences troublantes autour d'un acte malveillant !

Si cette technique permet de maintenir l'illusion d'une paix sociale, elle est paralysante. Elle empêche de prendre des mesures de protection des populations qui seraient trop visibles. Dans la continuité de ce déni médiatique, les journaux ne retinrent de ces attaques que l'évolution la qualité de l'air :  interdire les voitures autour des marchés de Noël avait rendu l'air plus respirable...


À l'inverse, le même Gouvernement est capable de nous dire qu'il maintiendra l'état d'urgence tant qu'il y aura des islamistes radicaux sur la planète. C'est-à-dire que, potentiellement, nos arrière-petits-enfants ne verront pas la fin de l'état d'urgence en vigueur actuellement.

Alors, si je pouvais me permettre un conseil de bon sens au Gouvernement, il serait celui-ci : arrêtez de donner des explications qui vous décrédibilisent et ayez le courage d'assumer un discours de vérité. Les attaques qui frappent la France ne sont pas isolées. Elles ne sont pas le fruit de troublantes coïncidences. Elles montrent la vulnérabilité d'un pays habitué à vivre en paix, qui peut facilement plonger dans le chaos sous l'action d'hommes que la mort n'effraye pas. 

Pour pouvoir éviter un tel scénario, il faut une vision globale et à long terme, ce qui sous-entend une analyse fine de la situation permettant d'établir une action concertée des services de l’État. Les hommes politiques en charge de cette stratégie devront avoir comme objectif premier autre chose que leur propre réélection.

Malheureusement, nous ne voyons pas, aujourd'hui, que de tels hommes existent dans les partis politiques habitués au pouvoir.

Au contraire, lorsque nous avons des hommes qui luttent efficacement, comme le juge anti-terroriste Marc Trévidic, les hommes politiques les cataloguent comme dangereux pour eux-mêmes et ils n'hésitent pas à les évincer.


La même dichotomie se manifeste dans d'autres domaines où le gouvernement s'essaye à l'analyse. On l'appelle parfois la politique des doubles standards, mais elle est surtout la politique de ceux qui ne savent pas quelle attitude adopter, oscillant de l'une à l'autre au gré de leurs intérêts immédiats.

Un cas flagrant concerna la défense de Charlie Hebdo. Leurs dessinateurs défunts ont été encensés pour leurs provocations sans limites, et les survivants encouragés à poursuivre leur œuvre. Mais nous avons oublié que ces dessinateurs avaient été victimes du Pouvoir avant d'être celles des terroristes.

Ainsi, lorsque Siné écrivit une chronique sur Jean Sarkozy, fils du président français alors en exercice, il fut limogé au prétexte fallacieux d'antisémitisme.

Je ne suis pas Charlie, je suis Siné

 
Il ne fallut que quelques mois pour que François Hollande, pourfendeur de la liberté totale lorsqu'il s'agissait de caricaturer des musulmans, se déclare scandalisé, s'étant trouvé lui-même caricaturé, et demande la suppression de l'image concernée.

Départementales - encore une télé-réalité qui va finir dans le décor


D'un côté nos hommes politiques français défendaient Charlie Hebdo lors de la caricature du crash de l'avion russe dans le désert du Sinaï, arguant qu'on ne pouvait renier le droit à la liberté d'expression au motif du respect des victimes et, de l'autre, ils remerciaient leurs homologues russes pour la compassion manifestée par le peuple russe après les attentats de Paris.

Or, si nous sommes sensibles à cette compassion, n'est-il pas logique que nos partenaires soient eux-aussi sensibles à la compassion que nous pouvons leur manifester ? N'est-il pas logique que nous condamnions, sans les interdire pour autant, des dessins blessants, plutôt que de les encourager ? Nos hommes politiques ne savent-ils s'indigner que lorsqu'ils sont eux-mêmes visés par la caricature ?

Je n'ai vu nulle part que des dessinateurs russes aient tourné en dérision les victimes des attentats de Paris, ou d'autres morts tragiques. Ils nous ont laissé confrontés à notre indécence, sans s'abaisser à faire de même. Sans doute était-ce là la meilleure marque de sagesse qu'ils pouvaient manifester.

Saint Paul disait : Tout m'est permis, mais tout n'est pas utile ; tout m'est permis, mais je ne me laisserai asservir par quoi que ce soit (ICor. 6, 12). Il me semble qu'il n'est pas besoin d'interdire telle ou telle forme d'expression. Mais il n'est pas non plus besoin d'encourager ce qui relève manifestement du mauvais goût, de la provocation et souvent même de l'indécence. Il est de la responsabilité des hommes politiques de savoir mettre en avant ce qui valorise la société, et non ce qu'elle produit de pire. Encore faut-il être capable du discernement nécessaire pour distinguer entre les deux. Et nous nous demandons parfois s'ils sont capables de ce discernement.

Doit-on absolument être chrétien pour mettre en pratique un précepte de sagesse contenu dans l’Évangile ? Assurément non ! Mais il faut pour cela accepter de ne plus se contenter d'un paraître permanent, de fluctuer, telle une girouette, au gré des sondages d'opinion. Car à force de vouloir satisfaire tout le monde, on finit par ne plus contenter personne.


On dit parfois que les gouvernants sont spécialistes de la politique du 2 poids, 2 mesures, au gré de leurs intérêts. Mais à bien la considérer, on se demande si cette incapacité à s'en tenir à une attitude mesurée et constante, ne procède pas plutôt d'un trouble psychologique. Trouble dont on craint qu'il ne soit incurable.

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