de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

samedi 23 mai 2015

168- Les 500 familles



Le 22 mars 2015, lors de l'assemblée générale de notre association, Stélios K. était présent. Il était élu en titre du conseil d'administration sortant, et candidat à sa succession. Il est notre doyen, élu pour nous représenter depuis 1972, aussi sa candidature n'avait-elle rien d'exceptionnel. Pourtant, le père Nicolas Kakavelakis refusait de commencer l'AG en sa présence.

Trois vigiles surveillaient les lieux avec un manque de motivation manifeste. Bien que candidat moi-même, je me voyais opposer une fin de non-recevoir à ma présence. A l'intérieur de la salle, l'AG avait déjà plus d'une heure de retard. 

La police était repartie depuis longtemps et les vigiles n'avaient rien d'une milice privée chargée d'exécuter les basses besognes du père Nicolas. Ils se refusaient fort justement à déloger les personnes que le père considérait comme indésirables.

Les conversations se poursuivaient et seuls quelques initiés comprenaient ce que le père Nicolas reprochait à Jean-Paul C., ou à Dimitri L. Les autres attendaient, qui patiemment, qui docilement, qui furieusement, que la situation se débloque.

Nikos eut enfin le Déclic de la Révélation, la Solution s'offrait à lui, l'Eurêka venait de l'illuminer. Il allait changer le lieu de l'AG. Et puisqu'il ne pouvait pas obliger certaines personnes à partir, il allait les obliger à rester dans la salle pendant qu'il irait s'installer ailleurs. 

Il posta ainsi les vigiles devant la porte qui conduit de la salle paroissiale au sanctuaire de l'église, et transféra l'AG dans l'église elle-même. Seule une jeune femme, Alice D., prit fermement position pour dénoncer ce à quoi elle assistait, laissant ses parents surpris de son intervention. Toutes les personnes qui avaient grandi dans la Communauté, et l'avaient construite de leurs mains, étaient légitimes à participer à l'AG. Et celle-ci ne devait pas se tenir dans l'église.

La Tradition orthodoxe veut qu'une église ne serve à rien d'autre qu'à l'office liturgique. C'est pour cela que, contrairement aux église catholique depuis Vatican II, il n'y a théoriquement jamais de concert dans les églises orthodoxes, ni de réunion. Mais Nikos avait encore une fois décidé d'innover. Ce puriste toujours prompt à rappeler aux autres qu'ils ne respectent pas correctement la Tradition, estimait qu'il pouvait s'en affranchir pour ses besoins du moment, se plaçant de fait au-dessus d'elle.

L'AG fut longue et monotone, le père Nicolas présentant les comptes qu'il avait tenus cachés des élus durant tout son mandat. Malgré cette présentation, de nombreuses zones d'ombres subsistaient dans cette présentation qui ne faisait apparaître aucune des sommes dont il avait lui-même bénéficié. Il ne resta de cette présentation que de vagues souvenirs car aucun document écrit ne fut remis aux membres de l'association.

Il y avait entre 40 et 50 personnes présentes pour l'AG. Si l'on rajoute à cela une procuration possible par personne présente, il y eut au maximum 80 à 100 votants. N'ayant pas les chiffres officiels, je me contenterai de l'estimation haute, bien que j'aie la conviction que le nombre de votants était inférieur.

Le père Nicolas ne se représentait pas à sa succession. Sans doute avait-il compris que le président d'une association est pénalement responsable des délits commis par cette association et ne désirait-il pas être à nouveau convoqué dans un commissariat. Et puis les règles fiscales et pénales françaises ne prévoient guère d'indulgence pour les administrateurs qui tirent un avantage financier direct de leur fonction. 

Lorsque je refaisais son appartement, le père Nicolas m'avait dit qu'il voulait changer les statuts pour que le prêtre soit automatiquement le président de notre association. Quatre ans plus tard, et confronté à quelques délits en cours d'instruction, sa belle résolution avait laissé la place à un plus grand réalisme. 

Je doute qu'il ait eu seul une telle présence d'esprit, aussi je me permets de remercier le sage inconnu qui l'a invité à s'écarter. Si cet inconnu pouvait conseiller au père Nicolas d'abandonner la prêtrise comme il lui a conseillé d'abandonner la présidence, l’Église lui en serait particulièrement reconnaissante.

Cette réflexion étant faite, 40 à 50 personnes présentes lors de l'AG étaient chargées d'élire 15 représentants. Si on enlève les 15 eux-mêmes et leurs proches, qui restait-il, parmi les présents, pour représenter la Communauté et non les 15 ? Pour ma part, je dirai qu'il n'y en avait qu'une : Alice D., qui avait osé crier devant tous que cette mascarade était indigne. Il ne s'agissait pas, pour elle, de représenter qui que ce soit, mais simplement de réagir spontanément avec son cœur. Pourtant, en ne cherchant pas à se défendre elle-même, mais ceux qui se retrouvaient exclus, c'est bien la Communauté qu'elle représentait. Et même si c'est peu qu'une seule personne se soit élevée contre l'injustice, je suis fier qu'elle ait été là.

Peut-être un jour prendra-t-elle plus d'importance au sein de notre représentation. Alors le métropolite Emmanuel saura pourquoi il convient d'avoir plus peur de 100 moutons menés par un lion, que de 100 lions menés par un mouton. Non pas qu'elle cherche à s'opposer à quiconque, mais simplement qu'elle n'est pas prête à accepter n'importe quoi.


Quelques jours plus tard, en découvrant la liste des nouveaux membres du conseil d'administration de l'association, je reconnus la photo de l'avocat qui avait organisé mon éviction. Georges X. était candidat et avait été élu au Conseil.

Sans mandat de représentation pour agir au nom de la Communauté, il était intervenu pour mettre dehors des personnes qui se présentaient pour être élues au même poste que lui. Et une fois qu'il avait ainsi éloigné les concurrents potentiels, il se félicitait de son élection. Le procédé était pour le moins stalinien, et je doute que ce soit ce lien-là qui nous unisse le plus à la Russie.

Sept candidats à l'élection sur quinze postes à pourvoir avaient été écartés sans même avoir été notifiés de cette décision. Cela faussait considérablement la sincérité du scrutin.


Quelle représentation de la Communauté ces quelques personnes pourront-elles avoir ? L'absence de membres du clergé en son sein signifiait-elle la fin de la tutelle infamante du métropolite Emmanuel ? Le fait que la nouvelle présidente et ma cousine, Pénéloppe D., soit également secrétaire du métropolite permet de douter d'un quelconque changement.

Le Progrès, édition de Lyon, dimanche 12 avril 2015, p. 24


Je voulais interviewer ma cousine, puisqu'elle aime se prêter au jeu des questions des journalistes, mais son adresse mail a changé et je n'ai trouvé nulle part d'adresse mail de la Communauté. J'en resterai donc au contenu de l'article repris ci-dessus et aux éléments connus.


Cet article fut particulièrement intéressant à lire. Nous y apprenions que la Communauté hellénique de Lyon est une association cultuelle regroupant 500 familles grecques orthodoxes vivant dans la Métropole. Mais si, de l'aveu même de la présidente élue le 22 mars 2015, il y a 500 familles membres de l'association le 12 avril 2015, soit entre 1500 et 2500 personnes suivant la taille des familles, comment 40 personnes présentes pour l'AG pouvaient-elles prétendre représenter le quorum nécessaire pour que l'AG soit valide ?

Et si ce chiffre de 500 familles était une pure fumisterie, serait-il digne dans la bouche d'une personne représentant une association cultuelle depuis moins d'un mois ?

Pour ma part, je considère que le chiffre est correct, et que les 40 personnes présentes lors de l'AG n'étaient pas légitimes pour nous représenter et élire un conseil d'administration.

Un avocat a été saisi du dossier et un recours est en préparation afin de demander l'annulation de toutes ces irrégularités. Ainsi, il sera possible de savoir qui du père Nicolas ou de la Communauté a tenté de rendre le blanc noir et le noir blanc, et qui s'est simplement contenté d'affirmer que le blanc est blanc et le noir noir !

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