de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

jeudi 20 novembre 2014

143- Katyusha



La fête nationale grecque, le 25 mars, tombe en même temps que la fête patronale de notre église, dédiée à l'Annonciation. A la fin de la liturgie, traditionnellement célébrée le dimanche le plus proche, ont lieu les incontournables discours des officiels. Moment fastidieux s'il en est, où l'on espère parfois entendre une petite touche de fantaisie qui viendrait l'égayer. 

Discours conclu par l'hymne national grec qui résonne toujours avec un enthousiasme certain.

Cette année, porté par cet élan populaire qu'il eut envie de prolonger, le père Nicolas Kakavelakis dit alors : Bon, maintenant, je vais vous interpréter l'hymne de la communauté ! Le silence de consternation qui s'abattit alors sur l'église n'eut rien à voir avec le fait qu'il faudrait encore attendre pour aller boire le café. Ni même qu'il faudrait subir de nouveau ses piètres qualités vocales. Ce moment de fantaisie que nous aurions souhaité dans son discours venait au plus mauvais des moments. Peut-on réellement placer quelque chose après l'hymne national ? Une chose qui viendrait le parachever ? Et qu'était donc ce mystérieux hymne dont jamais personne dans l'assistance n'avait entendu parler ?

Le père Nicolas se mit alors à interpréter la célèbre chanson Katyusha, arrangée avec des paroles de sa composition. Pour comprendre la portée de son geste, il faut revenir aux origines de ce chant.

Katyusha est un chant d'amour russe qui traite de l'histoire entre une jeune fille et un soldat parti au front. Elle a été intégrée aux classiques du répertoire des chœurs de l'Armée Rouge.



Tiré de cette chanson, le nom Katyusha servit à baptiser un lance-roquettes de l'armée soviétique, plus communément appelé Orgue de Staline.

Les Maquisards italiens en reprirent la musique pour y adapter leurs propres paroles : Fischia il vento devint ainsi l'un des hymnes des Partisans italiens en 1943, aux côtés de Bella ciao.

A peu près à la même époque, le front de libération nationale grec (EAM), adapta lui aussi ce chant avec des paroles de circonstance.



J'ignore d'où le père Nicolas avait puisé l'idée de se l'approprier à son tour pour en faire l'hymne de la communauté, et l'ajouter à l'hymne national grec pour venir conclure la célébration de la fête nationale. Je sais juste que plusieurs personnes quittèrent alors l'église, scandalisées de ce à quoi elles assistaient.

Mais nous n'étions pas au bout de nos surprises. Il s'avéra en effet que le père Nicolas, également instituteur de grec, avait pris l'initiative d'enseigner ce chant aux enfants, nouveaux partisans d'un monde qu'il avait entrepris de formater suivant ses délires.

C'est ainsi qu'il avait distribué cette feuille aux enfants, pour qu'ils en apprennent le texte en guise de devoir.



Texte qui pourrait se traduire par :

Viens toi aussi dans notre communauté
Si tu aimes ta patrie
Une étreinte affectueuse t'attend ici
Tu trouveras amis et sympathie

Notre association est grecque
Elle se bat pour sa religion et ses valeurs
Quand tu viendras tu seras notre frère
A Lyon tu trouveras le réconfort

Notre communauté se trouve en France
Elle conserve nos racines vivantes
Elle est la Grèce et notre église
Et avant tout, notre devoir sacré.

Les intentions décrites par ces paroles sont louables, mais le quotidien de la Communauté, relaté dans ce blog, est là pour nous rappeler à quel point elles sont éloignées de la réalité.

S'il est vrai que les enfants restent des cibles privilégiées pour les adeptes des conditionnements de toutes sortes,



et ce jusqu'à ces dernières semaines, comme le remarquait fort à propos Olivier Beruyer sur son blog, au sujet du conditionnement des enfants Ukrainiens, imprégnés de symboles nazis,


il n'en reste pas moins que  les parents de l'école grecque de Lyon n'avaient aucune envie d'être confrontés à de telles pratiques.

Quelles que soient les sympathies des familles pour tel ou tel courant de pensée, aucune n'envoie ses enfants à l'école grecque pour qu'ils y subissent un conditionnement. Et adapter un chant Partisan, en faire l'hymne de la communauté et l'inculquer aux enfants était ressenti comme un conditionnement dépassant nos valeurs culturelles. Et cela n'avait pas sa place dans notre école. Ajouté à beaucoup d'autres choses, cet apprentissage conduisit les parents à écrire au Coordinateur Européen des programmes scolaires grecs, afin de se plaindre des méthodes du père Nicolas.

L'affaire remonta au sommet du ministère de l'éducation grec, qui nomma un nouvel enseignant à Lyon. Non pas en remplacement du père Nicolas, car ce dernier fit intervenir ses soutiens cléricaux pour sauver son poste, mais pour créer ce qui est devenu en octobre la nouvelle école grecque de Lyon. Nous aurons prochainement d'en reparler.


Dans la culture judéo-chrétienne, la vie d’Élie et de son disciple Élisée ont une place prépondérante. Si, dans la vie d’Élie, on peut retenir qu'il fit égorger sans pitié 450 faux prêtres (1Rois 18, 40), celle d’Élisée pourrait trouver son point culminant dans la résurrection du fils de la veuve qui l'hébergeait. Lorsque Élisée arriva dans la maison, voici, l'enfant était mort, couché sur son lit. Élisée entra et ferma la porte sur eux deux, et il pria l'Éternel. Il monta, et se coucha sur l'enfant ; il mit sa bouche sur sa bouche, ses yeux sur ses yeux, ses mains sur ses mains, et il s'étendit sur lui. Et la chair de l'enfant se réchauffa. Élisée s'éloigna, alla çà et là par la maison, puis remonta et s'étendit sur l'enfant. Et l'enfant éternua sept fois, et il ouvrit les yeux. Élisée appela Guéhazi, et dit : Appelle cette Sunamite. Guéhazi l'appela, et elle vint vers Élisée, qui dit : Prends ton fils ! (2Rois 4, 32-36).

Cette image de la résurrection de l'enfant a souvent été reprise comme la préfiguration du Christ s'incarnant pour se mettre à l'échelle de l'homme et lui insuffler la vie.

Mais il est également possible d'y voir l'image d'un parent s'abaissant au niveau de conscience de son enfant pour le former et l'éduquer. Une pédagogie de laquelle peut naître la vie par le souffle du savoir que l'on transmet. Non pas un savoir inaccessible et intellectuel, mais mis à la portée de l'enfant, hors de toute forme de conditionnement.

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