de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

lundi 14 juillet 2014

121- Représentation diplomatique

Le précédent message ayant traité de l'importance des agapes et de l'hospitalité au niveau d'une communauté, il m'a semblé utile d'élargir la réflexion au niveau d'un pays.

De tous temps, les rois ont eu à cœur de recevoir leurs hôtes avec les plus grands égards et, inversement, ils ont aimé être reçus à la hauteur de la grandeur de leur pays.

La Bible nous rapporte que la gloire de Salomon fut sans égale. Lorsque la reine de Saba l'apprit, elle décida de lui rendre visite. Elle arriva à Jérusalem avec une suite fort nombreuse et avec des chameaux portant des aromates, de l'or en très grande quantité, et des pierres précieuses. Elle fut émerveillée de l'accueil qu'elle reçut et de la sagesse du roi, et repartit dans son pays avec des cadeaux bien supérieurs à ceux qu'elle avait apportés. Le Roi Salomon donna à la reine de Saba tout ce qu'elle désira, ce qu'elle demanda, et lui fit en outre des présents dignes d'un roi tel que Salomon. (IRois 10, 1-13)

Je ne fais pas partie de ceux qui considèrent que le luxe des réceptions organisées à l’Élysée est démesuré. Peu importe la valeur de ses caves ou l'abondance de son personnel. Bien recevoir fait partie de la dignité d'un pays et contribue à son rayonnement international par les liens créés avec nos hôtes.

Ce qui pourrait poser problème serait de laisser sa population dans la famine tout en continuant à organiser des fêtes somptueuses mais, en dehors de ce point sur lequel je reviendrai plus bas, il est légitime que chaque État ou Royaume reçoive ses hôtes à la hauteur de ses moyens.


Peu après avoir écrit mes messages sur la situation en Ukraine, notamment Scission de l'Ukraine et Défense des ressortissants Russes, l'ambassade de Russie m'a écrit pour me remercier de mon objectivité et m'adresser une invitation pour la réception donnée en l'honneur de la fête nationale Russe, le 12 juin. 



L'invitation était, bien évidemment, particulièrement honorifique. Être invité par un pays comme la Russie était aussi exceptionnel qu’inattendu. Mais ce n'est pas ce qui m'a poussé à l'accepter. Je rappelle ici que l'invitation qui me fut adressée par les francs-maçons était également honorifique ; elle m'aurait permis d'être en contact avec des personnes influentes et m'aurait sans doute ouvert des portes. Pourtant, je l'ai refusée. Non. Ce qui faisait que je ne pouvais pas refuser cette invitation de l'Ambassade était simplement que j'aime la Russie.

Je ne cherchais rien en écrivant mes messages, si ce n'est de mieux faire connaître la situation du pays de mon amie ukrainienne. Cette amie, qui est de la région de Kiev, me disait que ce qui se passait dans son pays ne correspondait pas à ce que nos médias en disait, et c'est pourquoi j'ai choisi d'écrire sur ce sujet-là. 

Loin des déclarations guerrières de Tourtchinov et de ses sbires, qui ont déclenché une répression sanglante contre une partie de leur population, j'allais à l'Ambassade en sachant, pour les connaître un peu, que les populations ukrainiennes et russes aspirent à vivre en paix. Elles partagent la même culture, la même religion orthodoxe, la même langue pour une large partie d'entre elles, et rejettent les mouvements extrémistes nationalistes qui cherchent à les opposer.

Le millier d'invités à la fête nationale russe, venus représenter de très nombreux pays et institutions, montraient tous, par leur présence, que la Russie ne sera jamais isolée, comme affirment pourtant avoir fait en sorte qu'elle le soit certains extrémistes politiques Américains, ou tentent de s'y employer les militaires de l'OTAN.



Peu importe les politiques d'endiguement prônées contre la Russie et la Chine, qui tendent à vouloir essentiellement endiguer l'Europe, si tant est que nous soyons assez fous pour les cautionner au plein cœur de la crise financière dans laquelle nous nous trouvons. Peu importe les sanctions économiques qui ne sont rien d'autres que des actes d'une guerre qui ne dit pas son nom. Tous les hommes politiques n'ont pas la servilité d'un François Hollande à l'égard de la politique américaine, et ils étaient nombreux à être venu le manifester.

Après être resté près de deux heures à accueillir un par un chacun de ses invités, Son Excellence l'Ambassadeur et sa femme se sont mêlés à leurs hôtes. J'étais incontestablement la plus insignifiante de toutes les personnes présentes. Je n'avais pas de décorations militaires à arborer, ni de titres honorifiques dont j'aurais pu me prévaloir. Je n'occupais pas de poste à responsabilité, n'avait pas d'influence médiatique importante, ni de rôle politique. Et même la simplicité de ma tenue vestimentaire jurait par rapport à la solennité de ces festivités. Pourtant, l'Ambassadeur m'a accordé la même attention qu'à n'importe lequel de ses hôtes.


 
Comme je le disais plus haut, une chose est d'organiser de belles réceptions, et celle de l'ambassade de Russie fut un modèle de réussite, et autre chose de pallier aux besoins de son peuple. Ou même simplement d'assumer les choix de sa politique.

Lorsque la France poussa les Syriens à se soulever contre l'autorité de leur pays, elle décida de reconnaître le Conseil National Syrien comme seul représentant légitime de la Syrie. Ce Conseil fut vite perçu par la population comme une simple agrégation de mouvements islamistes venus du monde entier pour faire le jihad dans leur pays. Les Syriens furent alors contraints de fuir la violence engendrée par cette politique de soutien aux islamistes fondamentalistes et cherchèrent une protection dans l'exil.

Mais là où le Liban en accueillait plus d'un million, sur les 2,5 millions recensés par le HCR, la France était montrée du doigt par l'ONU sur ses engagements à n'en accueillir que 500 ! Vincent Deconinck, du Secours Catholique Français, analysait sur RFI, à propos des réfugiés syriens qui stationnaient à Calais : Certains sont là depuis des semaines et vivent les expulsions de squat à répétition, ils n’ont pas accès à un minimum d’hygiène, n’ont aucun moyen de se poser. L’image qu’ils ont de la France ne les pousse pas à vouloir y rester.

Puisque les responsables de mon pays avaient décidé d’œuvrer à la guerre en Syrie, j'aurais trouvé logique qu'ils aillent au bout de leur politique et accueillent sans réserve les réfugiés Syriens.  
 

Je suis frappé de constater que les populations qui fuient les zones de guerre de l'est de l'Ukraine ne fuient pas vers le reste de leur pays, sensé organiser les opérations militaires pour les libérer d'oppresseurs Russes. Ils fuient vers la Russie où ils savent trouver une protection.

Bien que les chiffres varient, et sont parfois même réfutés en totalité, Le Monde rappelle que l'ONU estimait à 110 000 le nombre d'exilés ayant trouvé refuge en Russie en juin. D'autres sources fiables actualisées font état de 500 000 Ukrainiens à ce jour, dont 157 000 enregistrés en tant que réfugiés, qui ont trouvé un asile en Russie. Cet accueil de populations nombreuses et souvent démunies a, pour moi, un sens beaucoup plus fort que la belle réception à laquelle j'ai assisté. Car une chose est d'honorer ses amis, et autre chose de prendre en charge ceux qui ont tout perdu. Et je suis content de voir que la Russie sait recevoir chacun en fonction de ses besoins.

Même si le colonel Strelkov estime que les populations de l'Est ne bénéficient pas de toute l'aide dont ils ont besoin face à leur agresseur, je reste persuadé que monsieur Poutine ira au bout de son engagement à protéger chacun de ses concitoyens. Car il a toujours donné l'impression de ne jamais considérer d'autres intérêts que ceux de son peuple et s'en est jusqu'ici donné les moyens.

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