de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

samedi 27 octobre 2012

64- De la tentatrice au modèle

Lorsque Neil Armstrong a posé le pied sur la lune, il avait préparé une petite phrase historique et s'est exclamé : C'est un petit pas pour l'homme, mais un bon de géant pour l'humanité. Adam, lui, est rentré dans l'Histoire par ces mots : C'est pas moi, c'est elle (Gn. 3, 12) !

Depuis, la femme doit porter, génération après génération, les descendants d'Adam qui n'ont pour la plupart pas beaucoup plus d'imagination. Mademoiselle P., dont l'histoire a agrémenté les premiers messages de ce blog, s'en rappelle encore et a eu l'occasion d'en témoigner. Mais au-delà de cette petite anecdote, je ne sais pas quel article de journal mettre pour justifier tout ce que l'homme fait subir à la femme dans cette volonté de domination qui est la sienne, tellement il y en a.

La femme est trop souvent considérée comme la tentatrice par excellence. Celle qui cause la perte des hommes vertueux. C'est bien sûr l'analyse plus ou moins objective de ces mêmes hommes. La littérature chrétienne regorge de textes en tous genres sur ce thème de la femme cause de la perdition de l'homme. Je me rappelle d'un apophtegme (paroles de sagesses des premiers moines) où un ancien disait à un disciple : Si tu as deux routes devant toi, qu'il y a une femme sur l'une et un démon sur l'autre, choisis de prendre la route avec le démon.

Saint Séraphim de Sarov, considéré comme l'un des plus grands saints russes, disait des femmes, dans sa jeunesse : Fuis comme le feu ces corneilles peintes. Souvent, elles transforment un guerrier du roi en esclave de Satan. Les vertueuses sont à éviter autant que les autres. Comme la cire d'un cierge, même éteint, ne peut que fondre lorsqu'il est entouré de cierges qui brulent, le cœur du moine est toujours affaibli par un commerce avec le sexe féminin (Irina Goraïnoff, Séraphim de Sarov, Spiritualité orientale n°11, éd. Bellefontaine 2004, p. 20).

En vieillissant, rempli qu'il était de force spirituelle, son attitude envers elles avait changé. Le premier parmi les saints russes, il devait s'occuper de leur sort, prévoir le rôle qui, à l'avenir, leur était réservé. " Je n'oublierai jamais, raconte l'une d'elles, comme ayant prié avec moi devant l'icône de la Mère de Dieu, il mit sur ma tête ses mains chaudes et je sentis tout à coup une force vivifiante se répandre à travers mon corps tout entier. " (id. p. 60). Ainsi, celui qui conseillait, étant jeune, de fuir ces êtres abominables, était leur premier réconfort et défenseur lorsqu'il s'était purifié et avait grandi en sagesse.

Saint Jean Chrysostome, l'un des plus grands pères de l’Église, a eu la même évolution : Il  place  la  virginité  très  au-dessus  du  mariage  et  parle  de  la  femme  comme  d'une " baudruche de saletés " (cf. traité à Théodore). Il pense à l'union conjugale avec horreur et s'étonne que le Christ ait pu sanctifier de sa présence des noces humaines. [...] Il lui faudra encore quelques années d'ascèse et un peu de maturité pour revenir sur ses positions. [...] " Le mariage est-il un obstacle ? C'est une aide qui t'est donnée dans ton épouse, non un piège ! " (Jean-Yves Leloup, Homélies de Jean Chrysostome, éd. Albin Michel, 1993, p. 11-12). Et il poursuit par un éloge des femmes au travers des exemples tirés des Écritures.

Il y a une parole que j'aime beaucoup et qui résume parfaitement tout ce qui précède. Saint Jacques l'Apôtre a dit dans son épître que nous ne sommes tentés que par notre propre convoitise (Jc. 1, 14).

L’Église sait que les plus grands saints ont eu des visions simplistes et rétrogrades des femmes. Elle sait que ces visions n'ont pu évoluer qu'avec la purification et la maturation spirituelle de leurs auteurs. C'est à cause de cela que seuls les prêtres âgés et à la vie vertueuse ont le droit de confesser. Quels conseils un prêtre peut-il donner à quelqu'un qui se confesse si lui-même ne sait pas de quoi il parle ? Le père Athanase ne s'est jamais senti prêt pour confesser les autres, si bien que, lorsqu'il est retourné en Grèce, l'évêque ne lui avait jamais donné la bénédiction de confesser. Je n'ai jamais compris comment, au regard des traditions de l’Église, l'évêque avait donné au père Nicolas Kakavelakis le droit de confesser, si tant est qu'il ait jamais eu ce droit.

Pour l’Église, la femme n'a rien d'impur : le Christ a relevé les femmes pécheresses, et lorsque les hommes voulaient les lapider, il leur montrait qu'ils étaient pires qu'elles. Marie-Madeleine est considérée comme l'égale des Apôtres, la Mère de Dieu est placée au sommet de la Création, comme ce qu'il y a de plus pur et de plus parfait, Saint Paul dit que dans le Christ, il n'y a plus ni hommes, ni femmes, mais tous nous sommes un en Jésus Christ (Gal. 3, 28).

Il y a des spirituels très anciens qui disent que l'homme (Adam) a été créé à partir de la terre, un matériau vil et sans valeur, alors que la femme (Ève) a été créée à partir de l'homme, un matériau pur parce qu'il avait déjà en lui l'Esprit divin. Toute la création décrite dans la Genèse montre comment Dieu crée des éléments de plus en plus élaborés. Et le sommet de la création de Dieu n'est pas l'homme, mais la femme.

La femme n'appartient pas plus à l'homme dont elle est sortie, que l'homme n'appartient à la terre dont il fut tiré. Et si l'homme se prend le droit d'imposer une autorité à la femme, alors c'est qu'il n'a pas encore commencé à cheminer vers Dieu.

La femme porte la vie en elle. Le Christ s'incarne sans père, mais il choisit une mère, alors qu'il aurait pu s'incarner sans l'un et sans l'autre s'il l'avait voulu.

Saint Silouane du Mont Athos dit : la perfection chrétienne, c'est d'avoir pour chaque homme l'amour d'une mère. Saint Jean le Théologien, et toute l’Église avec lui, dit que Dieu est amour et que celui qui connaît l'amour connaît Dieu (1Jn 4, 7), mais personne ne fait jamais référence à l'amour d'un père pour tenter de comprendre Dieu.

Saint Séraphim de Sarov disait aux supérieurs des monastères : Sois une mère pour tes moines, plutôt qu'un père. Tout supérieur doit être - et rester - pour ses ouailles, comme une mère raisonnable. Une mère aimante ne vit pas pour elle, mais pour ses enfants. Elle supporte les infirmités des infirmes avec amour, elle purifie ceux qui sont souillés, les lave doucement, paisiblement ; les habille de vêtements propres et neufs ; les chausse, les réchauffe, les nourrit, les console et tâche de les entourer de façon à ne jamais entendre de leur part la moindre plainte. De tels enfants sont attachés à leur mère. Ainsi, chaque supérieur doit vivre non pour lui, mais pour ses ouailles (Irina Goraïnoff, Séraphim de Sarov, Spiritualité orientale n°11, éd. Bellefontaine 2004, p. 57).

Pour plus de détails sur la place de la femme dans l’Église, je renvoie vers ce très bon livre : La femme et le salut du monde, Paul Evdokimov, éd. Desclée de Brouwer, Paris, 1983.

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