de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

mercredi 4 avril 2012

36- Désir de liberté

On dit que l'histoire est un perpétuel recommencement. La connaître nous montre donc à la fois ce qui s'est passé et ce qui nous attend. Même si les thèmes de nos campagnes électorales sont très axés sur nous-mêmes (travail, pouvoir d'achat, immigration...) et, par extension, sur notre relation avec l'Europe, il n'est pas possible de comprendre la politique sans la géopolitique et sans l'histoire. 

Il y a des règles immuables qui ont été fixées dès l'origine. Parmi ces règles, il y en a une qui veut que rien n'a de sens si on en soustrait la liberté. C'est par la liberté que s'opère la distinction entre les anges et les démons. C'est elle qui fait les hommes justes et les tyrans. Si on enlève la liberté, il n'y a plus ni bien ni mal, simplement des êtres programmés, livrés à leurs instincts.

Vouloir ôter la liberté aux autres est quelque chose de fondamentalement contre nature car le désir de liberté est inscrit au plus profond de nous. Et c'est là que se fait le partage entre l'autorité que l'on peut accepter, et celle qui nous pousse à nous révolter. Le Christ ne s'est jamais révolté contre l'occupant romain, car celui-ci laissait aux juifs, et plus généralement à chaque peuple, le droit de suivre ses coutumes comme il l'entendait, n'ayant pas la prétention de formater les esprits par l'imposition d'une pensée unique.

Cette liberté est la marque de la Grèce. Si tous les peuples se battent pour leur liberté, les Grecs en ont fait leur symbole à travers leur hymne national qui se traduit par :
Je te reconnais au tranchant de ton glaive redoutable,
Je te reconnais à ce regard rapide dont tu mesures la terre,
Sortie des ossements sacrés des hellènes,
Et forte de ton antique énergie,
Je te salue, je te salue, ô liberté !
 
C'est au nom de cette liberté que se révoltent les Tibétains contre les Chinois, que se sont révoltés les Grecs contre les Turcs, et tant d'autres peuples à travers les âges. Aujourd'hui encore, alors que le grand mufti d'Arabie Saoudite (dont nous Français soutenons politiquement le régime, aux côtés des Américains), vient d'appeler à détruire toutes les églises. Cette oppression que vivent des minorités ne peut que créer le ferment de révoltes à venir.

L'empire romain n'était qu'une succession d'invasions, tout comme l'empire d'Alexandre le Grand. Mais ces empires ont laissé aux peuples occupés leur liberté de pensée, et les ont aidés à se développer. C'est grâce à cette paix durable qu'ils n'ont jamais été égalés par leur puissance. D'où cet adage que l'on apprend dans les écoles militaires : " Qui veut la guerre prépare la paix " (et non l'inverse).

On présente souvent les Américains comme les gendarmes du monde ; comme les initiateurs d'un nouvel ordre mondial dont ils ont inscrit la devise sur leurs billets de banque (texte en latin sous la pyramide de la franc-maçonnerie). Mais ce qui leur manque, quand ils envahissent un pays, c'est qu'ils n'arrivent pas à construire cette paix qui a fait la force des grands empires. Ils disent avoir voulu libérer l'Irak de Saddam Hussein, mais le résultat a été que l'espérance de vie a chuté, les meurtres des minorités religieuses, comme les chrétiens, sont devenus monnaie courante. Les chrétiens sont passés de 800 000 sous Saddam, à 250 000 aujourd'hui. La population, toutes confessions confondues, est décimée. C'est cette paix que les Américains n'ont pas réussi à construire en Irak et en Afghanistan. Et cet échec les a transformés de libérateurs (c'est du moins l'image qu'ils essayaient de faire passer), en force d'occupation haïe.

Un autre point est essentiel pour comprendre ce qui pousse un peuple à se soulever, c'est la mort des innocents, manifestée par celle des enfants. C'est à ce titre que Catherine Ashton, chef de la diplomatie européenne, a déploré la mort des enfants de Toulouse, comme elle a déploré la mort des enfants palestiniens sous les bombes des avions Israéliens et tous les enfants qui meurent dans le monde. Il n'y aura jamais de paix tant que des enfants mourront. Car un père qui voit ses enfants mourir ne peut rien faire d'autre que mourir lui aussi en cherchant à tuer ceux qui ont vidé l'amour qu'il avait dans son cœur pour y mettre l'abîme de la douleur et du néant qui ne pourra plus le quitter. Peu lui importe qu'il soit traité de terroriste ou de kamikaze : il va tuer ceux qui lui auront pris ses enfants.

Israël a bien compris le désastre pour lui, en termes d'image internationale, de ces morts d'enfants. C'est pour cela qu'ils se sont attaqués à ce point à Charles Enderlin lorsqu'il a montré la mort d'un enfant filmée en direct, son père essayant en vain de le protéger de son corps. Les attaques contre lui ont été nombreuses, verbales et judiciaires, mais ont conduit à établir la véracité de son reportage. Ce qui a donné lieu à de vives controverses au sein du CRIJF : son président d'honneur s'étant révolté contre la vindicte de cette institution envers un journaliste parfaitement objectif.

Malgré leur soif de liberté, les chrétiens ont traversé toutes les persécutions sans jamais se soulever contre leurs oppresseurs. Or, ils l'ont fait contre les Turcs. Le vol de leurs enfants y a grandement contribué. Les turcs prenaient chaque année plusieurs milliers de garçons entre 10 et 15 ans parmi les peuples chrétiens occupés. Ils les élevaient dans l'islam et en faisaient leurs fantassins dans leurs armées. Si les peuples voulaient se soulever, ils savaient que ce seraient leurs enfants qui seraient envoyés pour les combattre, et que ce seraient leurs enfants qu'ils devraient tuer, ou qui les tueraient. Cette milice spéciale s'appelait les Janissaires. Cette pratique a grandement contribué à aliéner les populations contre leurs occupants.

Dieu dit, dans l'Exode : Tu ne feras pas cuire un chevreau dans le lait de sa mère (Ex. 34, 26). C'est pour être sûr que cela n'arrive pas que les Juifs ne font pas de sauce au lait. Si utiliser le lait maternel, source de vie, pour faire cuire le petit d'un animal, a toujours été considéré comme une abomination, comment fallait-il considérer celui qui poussait un enfant à verser le sang de ses parents ?

Si nous ressentons tous la douleur des familles qui ont perdu leurs enfants qui allaient à l'école, il y a quelques jours, et que cette douleur se transforme en colère face à des êtres capables de telles horreurs, alors il faut comprendre la colère des Afghans après qu'un soldat américain a tué 17 femmes et enfants, ou quand nos soldats se moquent de leurs enfants qui meurent sous les bombes devant leurs yeux, comme le montre ce reportage de France 2.

Pour se protéger, la tentation est donc grande de transformer  la religion en nationalisme religieux. Mais nous y viendrons dans le prochain message.

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