de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

dimanche 12 février 2012

22- Un repas arrosé



Tout au long du chantier, il y a eu des oppositions, et c'est normal. Une communauté est faite de sensibilités différentes et chacun voyait les travaux avec ses propres sentiments, sa propre expérience de la vie, ses idées sur l'usage qui aurait pu être fait de l'argent... J'ai souvent regretté de ne pas avoir un contact plus régulier avec le comité. Par expérience, voyant que je n'avais pas la possibilité d'expliquer convenablement ce qui se faisait à toutes les personnes concernées, j'ai écrit, surtout par mails, pour acter les étapes importantes : les devis lors des études, les travaux supplémentaires, et jusqu'aux bilans.

Je savais que des personnes de la communauté se plaignaient auprès de la métropole grecque. J'entendais que le comité était de plus en plus partagé à cause de l'évolution du coût. Il fallait que ces tensions n'altèrent pas la crédibilité du père Nicolas Kakavelakis avant que le chantier ne se termine. Je me voyais un peu comme le paratonnerre qui devait attirer les inévitables critiques pour protéger l'essentiel : terminer les travaux. L'important pour moi était de refaire l'appartement comme le père Nicolas le voulait, afin qu'il s'y sente bien pour exercer son ministère. Le père Nicolas me soutenait et, sans cela, les travaux ne seraient pas arrivés à leur terme.

Il me parlait souvent des oppositions du comité, mais j'avais rarement la possibilité d'un contact direct avec ses membres. Une fois, je me suis invité à une réunion pour exposer ce qui était fait et répondre aux questions. Je trouvais curieux d'entendre des critiques et de ne jamais pouvoir parler à plus d'un ou deux membres du comité sur les quinze qui le constitue. De cette première interrogation est né un début de sentiment de malaise qui a été de plus en plus fort.

J'entendais que le comité était mécontent alors que, dans le même temps, l'un des membres avait fait un gros chèque pour payer une partie des travaux. D'autres membres venaient me féliciter. Où se trouve la vérité lorsqu'il y a des bruits contradictoires ? J'ai commencé à avoir un regard critique sur ces bruits pour essayer de voir d'où ils venaient. Je n'ai pas vraiment su, sauf après que les travaux étaient terminés.

Le lundi 31 janvier 2011, le père Nicolas est venu manger à la maison, comme il le faisait une ou deux fois par semaine. Le chantier se terminait : il ne fallait plus que 8 ou 10 jours pour achever les finitions. Après deux verres d'ouzo, le père a commencé à parler du chantier tout en dessinant : les fameux dessins dont nous avons déjà parlés. Je suis resté sur ma chaise à simplement écouter jusqu'à deux heures du matin. Ce n'étaient que des reproches.

Le plus ignoble d'entre eux était que je n'avais pas su m'entourer. Que je perdais mon temps avec des dépressifs et des personnes pas fiables. Que nous avions perdu énormément de temps à cause de cette tentative de suicide. Avait-il seulement vu la qualité du travail de ces dépressifs ? Pourquoi me le dire après qu'ils eurent terminé ? Il serait trop long de revenir sur tout ce qui a été dit ce soir-là. Ma première conclusion a été que le père ne tient pas l'alcool.

Lorsque Don Corleone, dans le Parrain, négocie avec les chefs des cinq familles le retour de son fils Michael à New York, il sort de la salle en disant : " Tattaglia (qui avait fait tuer son fils Sonny) n'est qu'un pion. A lui tout seul il n'aurait pas eu Santino. Et c'est seulement aujourd'hui que j'ai compris que c'est Barzini qui tire les ficelles ! " J'ai compris ce soir-là que la plupart des reproches qui venaient soi-disant du comité étaient en fait l’œuvre du père et j'ai compris que j'étais manipulé. Je ne comprenais pas pourquoi le père éprouvait le besoin de me manipuler puisqu'il pouvait avoir ce qu'il voulait sur un plateau. Je n'ai toujours pas réussi à répondre à cette question.

Saint Silouane, moine russe du Mont Athos (1866-1938), est connu pour ses paroles toutes simples empruntes d'une connaissance théologique exceptionnelle. Il a dit  que la perfection chrétienne est d'avoir pour chaque homme l'amour d'une mère (cité dans Kallistos Ware, Le Royaume intérieur). Voir que le père pouvait avoir une telle absence de compassion pour ce peintre et tellement de mépris pour ceux qui lui avaient reconstruit un appartement neuf m'a laissé sans voix. Quelqu'un qui peut dire tout ce qu'il a dit ce soir-là n'est pas un prêtre. Vous avez lu sur ce blog des choses qui vous ont surprises ? Rien ne m'a surpris autant que ce que j'ai entendu lors de ce repas. La paroisse de Lyon mérite un prêtre et lui n'en est pas un. Je peux vous garantir que le père Nicolas va partir. Il peut le faire dignement, en essayant de réparer les torts qu'il a causés, ou attendre d'être mis dehors, comme Berlusconi, mais, dans tous les cas, il va partir.

A la suite de ce repas, j'ai aussitôt écrit un bilan des travaux en précisant que c'est le bilan que je défendrais lors de l'assemblée générale. J'y répondais aux principales critiques que le père Nicolas avait formulées lors du repas. Le père Nicolas a aussitôt réagi par un mail me disant que je me trompais et que tout le monde trouvait mes travaux très bien.

Mais comment peux-tu écrire que le comité trouve mes travaux très bien alors que tu viens de passer les trois derniers mois à me raconter régulièrement tout le mal qu'ils en pensent ? Est-ce que tu te rappelais le repas, ou l'alcool te l'avait-il fait oublier ?

Ce bilan était incomplet parce que je n'avais pas encore intégré la facture de la cuisine et parce qu'il était en partie le fruit d'une réaction émotionnelle. Je l'ai complété par la suite. 

J'ai appris plus tard qu'il avait dit au comité, début janvier, histoire d'asseoir son autorité : " Je viens de virer Jean-Michel ". Comment peux-tu dire au comité que tu viens de me virer et me dire à moi de continuer à travailler sans m'occuper de ce que pense le comité ? 

Dans une conversation ultérieure, au sujet de l'assemblée générale, le père m'a dit de ne pas m'inquiéter car il n'y aurait pas de questions sur les travaux. Est-ce que je donne l'air de m'inquiéter ? Est-ce qu'il y a un seul point pour lequel je n'aurais pas assumé la responsabilité de ce qui venait d'être fait ? Comment se fait-il que l'on dépense 40% des revenus de l'association et qu'il n'y ait aucune question à l'assemblée générale ? On venait de me confier 36000 euros et pas un chiffre n'était donné ? J'entendais qu'il n'y avait eu que des erreurs sur ce chantier et pas une question posée ?

Pourquoi j'ai cru mademoiselle P. lorsqu'elle m'a parlé de la façon dont elle avait été manipulée ? Parce que je l'avais été aussi. Je l'ai également cru parce que j'ai vu beaucoup de choses qui se passaient et qui corroboraient son témoignage. J'y reviendrai très bientôt.

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