de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

lundi 16 janvier 2012

3- Sagesse et discernement




Qu'est-ce que tu cherches ? Tu ne vois pas ce qui va se passer si ça se sait ? Cette question de Christos K. est effectivement extrêmement importante. En fait, la seule qui mérite que l'on s'y arrête vraiment.

Salomon est connu pour sa sagesse. David, son père, quoique prophète et roi, a réuni les matériaux pour le Temple de Jérusalem, mais Dieu lui a refusé le droit de le construire car il avait du sang sur les mains. C'est donc son fils, Salomon, qui a construit le Temple, d'une beauté telle qu'il fut admiré pendant des siècles jusqu'à sa destruction en l'an 70 de notre ère. Peu après son intronisation, Dieu apparut à Salomon et lui demanda ce qu'il voulait, un peu comme un bon génie, mais sans la lampe. Salomon ne choisit pas les richesses ou le pouvoir, mais il demanda à Dieu de lui accorder la Sagesse pour gouverner son peuple. Sa demande plut à Dieu qui dit à Salomon qu'il lui donnerait la sagesse, mais également tout ce qu'il n'avait pas demandé, de sorte qu'aucun roi sur la terre ne l’égalât en richesse ou en gloire (1Rois 3, 4-13). Il est frappant de voir combien cette histoire se rapproche du commandement que donne le Christ : Cherchez d'abord le royaume des cieux et sa justice et tout le reste vous sera accordé par surcroît (Matth. 6, 33).

Salomon se rendait souvent au milieu du peuple pour exercer la justice et trancher les différends. Le jugement qui a été le plus mémorable fut celui-ci. Deux prostituées avaient chacune un nouveau-né. L'un des deux enfants mourut. Les deux se disputaient l'enfant vivant en prétendant chacune que l’enfant était le sien. Elles furent conduites devant Salomon qui dit : Apportez une épée, coupez l'enfant en deux, et donnez-en la moitié à chaque femme. L'une des femmes était d'accord, et l'autre dit : Ne coupez pas l'enfant, mais donnez-le plutôt à l'autre femme. Et Salomon su que l'enfant était le sien, car aucune mère ne pourrait accepter de voir son enfant mourir, même si elle devait pour cela accepter de ne plus le revoir. (1Rois 3, 16-27).

On ne peut pas aimer quelque chose ou quelqu'un et accepter de le voir détruire. Par conséquent, comment savoir si je vais servir mes intérêts égoïstes et si je vais nuire à la paroisse si je parle de ce qui ne va pas ? C'est l'actualité qui m'a apporté la réponse. J'ai vu pendant des mois, presque tous les jours, des scandales qui éclataient partout dans le monde catholique autour de prêtres pédophiles. Aux États-Unis, la Cour Suprême était saisie d'une question sur l'immunité du pape. L'enjeu, s'il n'y a pas d'immunité, est de faire reconnaître le pape comme le supérieur des prêtres, auquel cas, tel un employeur, il pourrait être poursuivi pour les manquements de ses employés, ce qui représente des condamnations estimées à plusieurs milliards de dollars. En Irlande, les autorités recensent plusieurs dizaines de milliers d'agressions sexuelles. En Allemagne, il y a quelques jours, un prêtre a reconnu devant un tribunal 280 agressions. En France, les gendarmes qui venaient pour convoquer un prêtre ont trouvé un enfant de 12 ans dans son lit. Les cas ne se comptent plus en Belgique, en Autriche, aux Pays-Bas... pour des dizaines de milliers de vies brisées.

Les papes se sont battus pendant des siècles pour faire reconnaitre que ce sont eux les chefs. Mais quand le pape a compris ce que les américains allaient faire si la Cour Suprême le reconnaissait comme chef, il a fait tout ce qu'il a pu pour essayer de convaincre les juges qu'il n'est pas le chef et que chaque diocèse est autonome... Finalement, la Cour Suprême a refusé de statuer sur l'immunité du Vatican, ce qui a ouvert la voie aux procédures. La vérité, c'est que tout est si centralisé dans la hiérarchie catholique, et les évêques ayant décidé partout dans le monde d'adopter la même attitude de silence devant les crimes de leurs prêtres, qu'il est impossible que cette consigne de se taire ne vienne pas du pape lui-même. Et le pape en question est Jean-Paul II. Le Christ a dit : Il est impossible qu'il n'arrive pas des scandales, mais malheur à celui par qui ils arrivent (Luc 17, 1). Alors, quel que soit le degré de sainteté que son Église lui accordera, il ne pourra supporter, au jour du jugement, le regard d'une seule de ses victimes. 

Alors laissons le Saint-Père là où il est, laissons son Église qu'il a détruite par le silence qu'il a imposé, et voyons que c'est le silence devant l'injustice qui apporte la destruction, et non le fait de vouloir dénoncer cette injustice. Notre évêque veut oublier que le Christ a dit cherchez d'abord le royaume de cieux et sa justice et tout le reste vous sera donné par surcroît ? Il veut le politiquement correct au détriment de la vérité ? Qu'il assume sa conscience et ses choix et qu'il me laisse les miens.

Quand j'ai pu parler avec mademoiselle P., elle m'a expliqué comment le père Nicolas Kakavelakis avait tenté de minimiser ce qui s'était passé, en présentant une version édulcorée devant C. Comment il l'avait menacée de l'exclure de la communauté si elle parlait, de téléphoner à ses parents pour qu'ils la ramènent dans son pays... Le tout a duré très longtemps, comme nous l'avons vu hier ; le père avait préparé un document dans lequel il se dédouanait et dont il voulait imposer la signature, mais mademoiselle P. refusait de signer car ce n'était pas la vérité. Il a fini par dire : Si tu veux partir, pars !, sauf que la porte de la classe et celle du haut des escaliers étaient fermées à clé. P. a fini par signer des aveux spontanés et elle a pu partir.

Nous verrons demain la réaction de l'évêque. Bonne nuit !

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