Qu'est-ce
que tu cherches ? Tu ne vois pas ce qui va se passer si ça se sait ? Cette question de Christos K.
est effectivement extrêmement importante. En fait, la seule qui mérite que l'on
s'y arrête vraiment.
Salomon
est connu pour sa sagesse. David, son père, quoique prophète et roi, a réuni
les matériaux pour le Temple de Jérusalem, mais Dieu lui a refusé le droit de
le construire car il avait du sang sur les mains. C'est donc son fils, Salomon,
qui a construit le Temple, d'une beauté telle qu'il fut admiré pendant des
siècles jusqu'à sa destruction en l'an 70 de notre ère. Peu après son
intronisation, Dieu apparut à Salomon et lui demanda ce qu'il voulait, un peu
comme un bon génie, mais sans la lampe. Salomon ne choisit pas les richesses ou
le pouvoir, mais il demanda à Dieu de lui accorder la Sagesse pour gouverner
son peuple. Sa demande plut à Dieu qui dit à Salomon qu'il lui donnerait la
sagesse, mais également tout ce qu'il n'avait pas demandé, de sorte qu'aucun
roi sur la terre ne l’égalât en richesse ou en gloire (1Rois 3, 4-13). Il est
frappant de voir combien cette histoire se rapproche du commandement que donne
le Christ : Cherchez d'abord le royaume des cieux et sa justice et tout le
reste vous sera accordé par surcroît (Matth. 6, 33).
Salomon
se rendait souvent au milieu du peuple pour exercer la justice et trancher les
différends. Le jugement qui a été le plus mémorable fut celui-ci. Deux
prostituées avaient chacune un nouveau-né. L'un des deux enfants mourut. Les
deux se disputaient l'enfant vivant en prétendant chacune que l’enfant était le
sien. Elles furent conduites devant Salomon qui dit : Apportez une épée,
coupez l'enfant en deux, et donnez-en la moitié à chaque femme. L'une des
femmes était d'accord, et l'autre dit : Ne coupez pas l'enfant, mais
donnez-le plutôt à l'autre femme. Et Salomon su que l'enfant était le sien,
car aucune mère ne pourrait accepter de voir son enfant mourir, même si elle
devait pour cela accepter de ne plus le revoir. (1Rois 3, 16-27).
On
ne peut pas aimer quelque chose ou quelqu'un et accepter de le voir détruire.
Par conséquent, comment savoir si je vais servir mes intérêts égoïstes et si je
vais nuire à la paroisse si je parle de ce qui ne va pas ? C'est l'actualité
qui m'a apporté la réponse. J'ai vu pendant des mois, presque tous les jours,
des scandales qui éclataient partout dans le monde catholique autour de prêtres
pédophiles. Aux États-Unis, la
Cour Suprême était saisie d'une question sur l'immunité du pape. L'enjeu,
s'il n'y a pas d'immunité, est de faire reconnaître le pape comme le supérieur
des prêtres, auquel cas, tel un employeur, il pourrait être poursuivi pour les
manquements de ses employés, ce qui représente des condamnations estimées à
plusieurs milliards de dollars. En Irlande,
les autorités recensent plusieurs dizaines de milliers d'agressions sexuelles.
En Allemagne,
il y a quelques jours, un prêtre a reconnu devant un tribunal 280 agressions.
En France,
les gendarmes qui venaient pour convoquer un prêtre ont trouvé un enfant de 12
ans dans son lit. Les cas ne se comptent plus en Belgique,
en Autriche,
aux Pays-Bas...
pour des dizaines de milliers de vies brisées.
Les
papes se sont battus pendant des siècles pour faire reconnaitre que ce sont eux
les chefs. Mais quand le pape a compris ce que les américains allaient faire si
la Cour Suprême le reconnaissait comme chef, il a fait tout ce qu'il a pu pour
essayer de convaincre les juges qu'il n'est pas le chef et que chaque diocèse
est autonome... Finalement, la Cour Suprême a refusé de statuer sur
l'immunité du Vatican, ce qui a ouvert la voie aux procédures. La vérité,
c'est que tout est si centralisé dans la hiérarchie catholique, et les évêques
ayant décidé partout dans le monde d'adopter la même attitude de silence devant
les crimes de leurs prêtres, qu'il est impossible que cette consigne de se
taire ne vienne pas du pape lui-même. Et le pape en question est Jean-Paul II.
Le Christ a dit : Il est impossible qu'il n'arrive pas des scandales, mais
malheur à celui par qui ils arrivent (Luc 17, 1). Alors, quel que soit le
degré de sainteté que son Église lui accordera, il ne pourra supporter, au jour
du jugement, le regard d'une seule de ses victimes.
Alors
laissons le Saint-Père là où il est, laissons son Église qu'il
a détruite par le silence qu'il a imposé, et voyons que c'est le silence
devant l'injustice qui apporte la destruction, et non le fait de vouloir
dénoncer cette injustice. Notre évêque veut oublier que le Christ a dit cherchez
d'abord le royaume de cieux et sa justice et tout le reste vous sera donné par
surcroît ? Il veut le politiquement correct au détriment de la vérité ?
Qu'il assume sa conscience et ses choix et qu'il me laisse les miens.
Quand
j'ai pu parler avec mademoiselle P., elle m'a expliqué comment le père Nicolas
Kakavelakis avait tenté de minimiser ce qui s'était passé, en présentant une
version édulcorée devant C. Comment il l'avait menacée de l'exclure de la
communauté si elle parlait, de téléphoner à ses parents pour qu'ils la ramènent
dans son pays... Le tout a duré très longtemps, comme nous l'avons vu hier ; le
père avait préparé un document dans lequel il se dédouanait et dont il voulait
imposer la signature, mais mademoiselle P. refusait de signer car ce n'était
pas la vérité. Il a fini par dire : Si tu veux partir, pars !, sauf que
la porte de la classe et celle du haut des escaliers étaient fermées à clé. P.
a fini par signer des aveux spontanés et elle a pu partir.
Nous
verrons demain la réaction de l'évêque. Bonne nuit !
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